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Depuis quelques jours, une importante tempête s’abat sur l’Unité permanente anticorruption (UPAC), un regroupement d’organismes créé en 2011 pour lutter contre la corruption au Québec.
Cette unité, alors dirigée par Robert Lafrenière, a pour mission de prévenir, vérifier et enquêter sur la corruption dans l’octroi de contrats publics.
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L’intention était bonne et tous espéraient de recevoir l’assurance que les gens qui avaient abusé du système puissent être poursuivis, jugés et condamnés.
Cependant, l’histoire est bien différente. Bien qu’il y ait quelques condamnations, l’UPAC a surtout subi de nombreux revers durant les dernières années. Enquêtes mal ficelées, délais trop longs et surtout, fuites à répétition ont miné la capacité des procureurs à obtenir des condamnations dans les dossiers déposés.
Plusieurs fuites ont entraîné des poursuites judiciaires contre l’UPAC et le gouvernement, la plus connue étant probablement celle de l’ancien Premier ministre, Jean Charest, qui réclame 1,5 million de dollars au gouvernement pour «avoir violé sa vie privée» dans le cadre de l’enquête «Mâchurer» et des fuites qui s’y rattachent.
Les fuites aux médias font partie de la pratique courante dans le milieu politique et gouvernemental. Nous avons tous été témoins, à travers les années, de fuites ou de «spin» qui dévoilaient en primeur une décision, une stratégie ou une proposition du gouvernement.
C’est un outil de communication politique qui permet d’avoir une couverture assurée et prolongée sur la nouvelle, mais surtout d’anticiper la réaction publique avant d’effectuer l’annonce officielle permettant ainsi d’anticiper les réactions des publics visés et des parties prenantes concernées.
C’est aussi un outil de pression que l’on a vu être utilisé, dans certains cas, par des gens qui avaient en leur possession une information privilégiée et qui désiraient mettre de la pression sur les autorités pour agir. C’est dans ce dernier cas de figure que se situent les fuites provenant de l’UPAC.
Selon les informations dévoilées par les médias, il y aurait eu des fuites orchestrées par les plus hauts dirigeants d’une brigade policière pour mettre de la pression sur le Directeur des poursuites criminelles et pénales et le gouvernement: Quelle honte! Faire une enquête bidon pour trouver les responsables des fuites afin de couvrir son propre manque d’éthique, c’est prendre le monde pour des marionnettes.
Je suis sans connaissance de la suffisance et du manque de respect pour les institutions des gens qui auraient fait ça, mais, malheureusement, je ne peux pas vous dire que je suis surpris. D’ailleurs, tous ceux qui connaissent le monde des médias se sont questionnés sur l’ampleur des fuites qui provenaient de l’organisation et des liens étroits qui étaient nécessaires pour que des journalistes aient accès à certaines informations.
Disons que les révélations des derniers jours ne font que confirmer l’impression qu’il fallait que ça vienne de gens très haut placés pour que ce type de se retrouvent dans l’espace public.
J’écoutais mon collègue collaborateur, Yves Boisvert, dire qu’il pensait qu'il n’y aurait pas d’accusations comme suite à l’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) sur les fuites à l’UPAC. Autant je pense qu’il dit vrai, autant j’espère vraiment qu’il se trompe. Cela fait 4 ans que l’enquête sur les fuites dure et un juge a accordé suffisamment de crédibilité aux éléments présentés à lui pour faire avorter un procès.
Les fuites concernées sont graves et elles ont détruit des vies, des réputations, des carrières et des familles sans permettre aux gens concernés de s’expliquer, se défendre ou même de contester les informations publiées.
Il faut laisser le BEI aller au bout de ses enquêtes, présenter ses conclusions en toute transparence et indépendance et faire ses recommandations pour rétablir la crédibilité des institutions. Parce qu’il est là le problème.
Toute cette histoire affecte la confiance du public ! Notre confiance en la justice, la police, le BEI, et le gouvernement sont mis à mal par les agissements de gens irresponsables qui semblent avoir utilisé les médias pour avoir de l’influence sur des décisions qui doivent être neutres. Il faut que les responsables soient imputables !
Peu importe qui a nommé les gens qui sont concernés par les révélations, peu importe les raisons derrière ces agissements, tous les partis politiques à l’Assemblée nationale ont aussi la responsabilité d’agir et de s’assurer que ce qui arrive en ce moment ne puisse se reproduire. Il y’a des corps de police formés de gens hyper compétents, intègres et professionnels qui ont la compétence pour mener des enquêtes qui visent les bonnes personnes, qui respectent la justice et qui protègent nos institutions.
Par pitié, donnons-leur les rênes et laissons-les travailler. La police et la politique n’ont rien à faire dans le même lit!