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Une cinquantaine de migrants ont récemment été utilisés comme pions dans une bataille politique qui n’est pas la leur, soit celle qui oppose les démocrates aux républicains.
Une cinquantaine de migrants ont récemment été utilisés comme pions dans une bataille politique qui n’est pas la leur, soit celle qui oppose les démocrates aux républicains, c'est à dire celle qui oppose une politique migratoire très ouverte à la ligne dure.
Orchestré par le gouverneur républicain de la Floride, Ron DeSantis, un stratagème a été mis en place pour déplacer des migrants, majoritairement vénézuéliens, du Texas, où ils ont traversé la frontière pour demander l’asile politique, à l’île de Martha’s Vineyard au Massachusetts, une communauté prisée par l’élite américaine et visitée notamment par les Obama, Kennedy et Clinton de ce monde.
À vingt minutes d’avis, les quelque 20 000 résidents de l’île ont dû faire preuve de débrouillardise pour accueillir les migrants désorientés qui pensaient avoir fait le voyage jusqu’à Boston, sous prétexte d’avoir un permis de travail en accéléré. À leur grande surprise, ils se sont retrouvés sur une île où très peu de gens parlaient leur langue et dont les infrastructures n’étaient pas adaptées à leur situation précaire.
Alexandria Ocasio Cortez est allée jusqu’à parler de trafic humain pour décrire cette utilisation d’hommes et de femmes pour faire réagir le camp politique opposé, à moins de deux mois des élections de mi-mandat. Une enquête criminelle a même été ouverte au Texas afin de déterminer si on avait bel et bien déplacé les migrants en usant de prétextes pour obtenir leur collaboration. Non seulement Ron DeSantis ne regrette pas son geste, mais il se vante d’avoir orchestré le déplacement en utilisant l’argent public et en ajoutant que ce manège va se poursuivre avec d’autres avions de migrants.
Cette stratégie fait écho à celle qui est employée depuis déjà plusieurs semaines avec des autobus bondés de migrants font le voyage des États du sud vers de grandes villes au nord des États-Unis. Pourquoi ? Pour signaler aux démocrates, qui dirigent ces métropoles, qu’ils n’ont qu’à « gérer le problème » des migrants s’ils veulent « autant » les accueillir.
Des autobus ont aussi fait un arrêt non prévu devant la résidence de la vice-présidente, Kamala Harris, avant d’être récupérés par des organismes qui les attendaient à quelques kilomètres de là. Encore une fois, des humains ont été utilisés sans aucune subtilité pour en faire un spectacle politique.
Si nous mettons la méthode utilisée de côté un instant, on constate facilement qu’il y a une crise migratoire à la frontière avec le Mexique, qu’on souhaite utiliser ce terme ou non. Une crise que doit gérer Joe Biden, une crise qui était présente sous la présidence Trump et celle d’Obama également. Pour une idée de grandeur, entre octobre 2021 et août 2022, plus de deux millions de migrants ont été interceptés par les autorités, un record. On peut y ajouter quelques centaines, voire milliers, qui sont passés sans être arrêtés. De ceux-ci, au moins 750 sont décédés. Parce qu’il ne faut pas oublier que ces migrants arrivent aux États-Unis complètement épuisés et désorientés après avoir parcouru des milliers de kilomètres, souvent à pied, dans des régions peu accueillantes. Ils proviennent du Mexique, oui, mais surtout de pays d’Amérique latine qui vivent des crises sociales et économiques et de la violence quotidienne. Ils viennent du « triangle du Nord », soit d’El Salvador, du Honduras et du Guatemala, mais aussi d’Haïti ou encore du Venezuela pour en nommer quelques-uns.
Pour quelques migrants, être transporté gratuitement de San Antonio, Texas, à New York ou encore Chicago, est une occasion rêvée. Parce qu’ils y trouveront des ressources établies pour les assister dans leurs démarches d’immigrations, parce que des ressortissants de leurs pays d’origine s’y trouvent en grand nombre et possiblement même parce que des membres de leur famille y sont déjà établis. Là où la ligne doit être tracée, c’est quand ils sont déplacés sous de fallacieux prétextes et instrumentalisés sans aucune considération pour la fragilité de leur situation.
Sur une note plus locale, moins la situation est maîtrisée à la frontière américano-mexicaine, plus de migrants feront le voyage jusqu’au Québec en passant par le chemin Roxham. Par la force du nombre, c’est tout à fait logique. Est-ce qu’il existe une façon simple de régler la question migratoire pour l’administration Biden ? Pas du tout. Parce que la majorité de ces migrants fuient la misère et se font promettre l’accès au grand rêve américain par des passeurs assoiffés d’argent.
Gageons qu’entendre qu’on peut être transporté gratuitement du sud au Nord pourra être ajouté à la carte de visite de ces passeurs qui attendent toujours l’occasion d’exploiter une autre personne vulnérable.