Début du contenu principal.
Une semaine après la décision de Québec de retirer le volet autoroutier du projet de troisième lien, les effets se font encore ressentir à Québec.
Une semaine après la décision de Québec de retirer le volet autoroutier du projet de troisième lien, les effets se font encore ressentir à Québec. En effet, la semaine parlementaire a débuté par une rencontre spéciale du caucus caquiste, ce qui a entretenu l’odeur de crise politique dans l’air de l’Assemblée nationale.
Jonatan Julien, ministre responsable de la Capitale nationale, a exprimé clairement ce qui a dérangé la majorité des membres du caucus «...le processus d’annonce de la décision (aux autres ministres et aux membres du caucus) a été vite». Ici vite veut certainement dire trop vite. En effet, lorsqu’une décision difficile doit être annoncée, il est essentiel de prendre soin de ses «parties prenantes», à commencer par ses alliés. Les députés caquistes de la région de Québec étaient en droit d’être informés à l’avance, de réagir et de préparer les gens de leurs circonscriptions à l’annonce.
À lire également:
La pression était forte sur François Legault et cela a paru. Le premier ministre n’est jamais au mieux lorsqu’il est en mode attaque. Ses réponses lors de la période de questions étaient très dures et son impatience était visible. Remettre en question la légitimité de Paul St-Pierre Plamondon comme député de Camille-Laurin était inutile et démonstratif de l’effet négatif de tout ce dossier sur l’humeur du chef caquiste. L’émotion n’est jamais bonne conseillère en politique et en tirant à boulets rouges sur les chefs de l’opposition, le PM a surtout démontré que les attaques de ces derniers portaient leurs fruits.
La crédibilité est le ciment qui tient les électeurs et leurs élus. Elle est le résultat de la confiance qu’ont les gens envers ce que les politiciennes et les politiciens disent. À cet effet, la décision sur le troisième lien pourrait être la première brèche dans l’histoire quasi sans faute de la CAQ avec l’électorat.
Alors que les gens ont toujours accepté et même reconnaissant que le premier ministre soit capable de reconnaître une erreur et de la corriger, plusieurs électeurs se sentent maintenant trahis. Ils ont l’impression que les candidats caquistes leur ont dit ce qu’ils voulaient entendre pour gagner les élections, mais en sachant que ce serait impossible de «livrer».
Cette perception est, on s’en doute, alimentée par l’opposition et par Éric Duhaime qui n’osaient même pas rêver d’une telle opportunité de définir le premier ministre comme quelqu’un qui ne tient pas sa parole ou comme quelqu’un de «pas fiable».
Pour la première fois depuis l’élection de 2018, on sent que les oppositions ont trouvé un angle d’attaque qui a une certaine efficacité. Le dossier du troisième lien leur permet de tenter de définir François Legault comme un politicien qui ne tient pas parole.
D’ailleurs, sur un tout autre sujet, celui de la création d’un ordre des enseignants, vous pouvez vous attendre à ce que les partis d’opposition rappellent sans cesse que la CAQ avait fait cette promesse en 2012 et l’avait réitérée en 2016 par la voix de Jean-François Roberge.
Il reste presque trois ans et demi avant la prochaine élection provinciale. En politique, c’est l’équivalent d’une éternité et le gouvernement a beaucoup de temps pour faire oublier cette décision.
Pour ce faire, il devra mettre en place une stratégie de communication avec tous les acteurs de la région de la Capitale nationale afin de rencontrer tous les acteurs, d’écouter les doléances des gens, d’entendre leurs idées et de les intégrer au développement de cette nouvelle phase du projet.
Ils devront aussi consulter la population et être très transparents sur les études et les données qui ont entraîné cette décision. Cette stratégie devra être pilotée par le premier ministre, car une crise, ça se gère au plus haut niveau.
La crédibilité de son gouvernement et de ses élus est en jeu!