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«Le projet politique de Donald Trump, il est misogyne, transphobe et homophobe; on ne va pas se le cacher.»
Donald Trump est-il sur le point de réhabiliter Andrew Tate et son frère Tristan, ces influenceurs masculinistes multimillionnaires accusés de trafic humain en Roumanie rapatriés aux États-Unis vendredi?
Le président des États-Unis a assuré vendredi à la Maison-Blanche qu’il n’était pas au courant de cette situation. Anne-Sophie Gravel, stagiaire postdoctorale en études féministes et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), remet cette déclaration en doute.
Voyez l'intervention d'Anne-Sophie Gravel en entrevue avec le chef d'antenne du bulletin Noovo Info Québec dans la vidéo ci-contre.
Mme Gravel souligne d’abord que l’administration Trump a fait de Richard Grenell son envoyé spécial pour aller demander à la Roumanie de lever l’interdiction de voyager imposée aux frères Tate – demande officiellement acceptée par le pays européen malgré les graves accusations portées contre eux.
En outre, «on sait qu'ils ont été aussi ramenés à Fort Lauderdale, une ville qui est très chère au cœur de Donald Trump», ajoute Anne-Sophie Gravel. Trump a une résidence près de West Palm Beach, ville qui se trouve à environ une heure de route de Fort Lauderdale et où il a revendiqué sa victoire électorale de novembre 2024.
Pourquoi Trump aurait-il eu avantage à faciliter ainsi l’arrivée d’Andrew Tate et de son frère aux États-Unis, au lieu de laisser libre cours à leur extradition vers le Royaume-Uni, pays dont ils ont la nationalité? Selon l’experte, «Trump va offrir la protection à quiconque peut lui rapporter le plus», même si la situation inquiète même certains républicains, comme le gouverneur de la Floride, Ron de Santis.
«Et quand je parle de lui rapporter, je parle d'argent, mais aussi de partisans comme la communauté masculiniste», dit Mme Gravel. «Le projet politique de Donald Trump, il est misogyne, transphobe et homophobe; on ne va pas se le cacher», croit-elle.
«Donald Trump, tout comme les influenceurs masculinistes, fonctionne en créant autour d'eux des boys clubs.»
Selon l’analyse que fait Mme Gravel, c’est là un exemple de «système de protection très soudé où des hommes triés sur le volet vont s'offrir mutuellement différents privilèges ou degrés d'impunité pour garder la mainmise sur le pouvoir».
D’où le danger, d’après Anne-Sophie Gravel, qu’il existe un «danger» que les Tate soient réhabilités par le président Trump.
«On craint que, dans les prochains jours ou les prochaines semaines peut-être, le président Trump [leur] restaure l'accès [aux réseaux sociaux]», note-t-elle – «des plateformes qui peuvent être utilisées pour véhiculer des discours d'une très grande violence».
Mme Gravel dit qu’il «ne faut pas banaliser la violence et le pouvoir d'influence d’Andrew Tate».
Andrew Tate, 38 ans, et Tristan Tate, 36 ans, qui ont la double nationalité américaine et britannique, ont été arrêtés près de la capitale roumaine à la fin de 2022, en même temps que deux femmes roumaines.
Les procureurs roumains ont formellement inculpé les quatre suspects l'année dernière. En avril, le tribunal de Bucarest a décidé qu'un procès pouvait commencer, mais n'a pas fixé de date. Les quatre accusés nient toutes les allégations.
En décembre, un tribunal de Bucarest a statué que l'affaire contre les Tate et les deux femmes roumaines ne pouvait pas être jugée en raison de multiples irrégularités juridiques et procédurales de la part des procureurs.