J’aime la Floride. Que dis-je, j’adore la Floride. Depuis que Donald Trump est revenu à la tête des États-Unis, je me demande si j’ai le droit. À l’heure de la planification des vacances estivales, je me pose des questions quant à ma destination fétiche.
Je ne dois pas être la seule à être prise dans un dilemme.
J’y vais ou pas?
Les Québécois aiment aller dans le Maine, à New York, à Boston, à Tampa, à Disney.
Certains peuvent se moquer du retour de Trump et choisir de maintenir leurs plans. D’autres ont des raisons tout à fait légitimes de décider de traverser la frontière : détenir une propriété là-bas, avoir de la famille, des amis… ou tout simplement des plans faits depuis longtemps.
Sur mes réseaux sociaux, j’ai recueilli toutes sortes de confidences issues de citoyens mitigés. Une mère de famille m’a raconté qu’elle avait choisi d’annuler une escapade prévue à la relâche scolaire à New York, même si elle perdait 1200 $.
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Ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre d’absorber pareille dépense, de lancer à la poubelle pareille somme d’argent. Je salue tout de même le courage de ce choix.
On peut percevoir ce genre de geste comme un coup d’épée dans l’eau… ou comme un petit geste de solidarité qui, mis avec ceux de nos concitoyens, envoie un message à nos voisins américains et au roi Trump.
Acheter c’est voter
Pour ma part, je l’avoue, mon cœur a balancé.
Je me suis tournée vers mes deux ados. Ambivalents, ils m’ont glissé qu’« acheter, c’est voter », et que si on était mis devant les faits à la dernière minute, peut-être qu’on ne pourrait rien changer.
Mais mis devant les faits des mois d’avance, plusieurs semaines avant les vacances d’été, on pouvait peut-être transformer nos plans et nos habitudes. S’adapter.
«Oui, mais pour aller où?» a lancé ma fille de 15 ans soudainement moins convaincue et moins courageuse à l’idée de passer des vacances dans un chalet au Québec, avec une température plus incertaine que celle, caniculaire, de la Floride en juillet.
Je n’ai pas su quoi répondre à sa question, mais chose certaine, les options ne manquent pas. Un roadtrip aux États-Unis, c’est le fun — un roadtrip au Québec ou dans les provinces canadiennes voisines, sans encourager un dictateur qui nous déclare une guerre économique, c’est mieux.
Inquiétudes
Je ne peux me résoudre à encourager un pays, une administration, à investir mon argent (à un taux de change faramineux, en plus) qui rit de nous.
La menace de la guerre tarifaire (tantôt c’est oui, tantôt c’est non, tantôt c’est demain, tantôt c’est en avril) fragilise déjà notre économie. Elle inquiète et paralyse. Trump fait la pluie et le beau temps (et pas juste chez nous !) et ça m’enrage.
En refusant d’y voyager, j’ai l’impression d’y tenir tête. Je sais, c’est un peu niaiseux, mais dans mon âme et conscience, c’est la « bonne » chose à faire.
Mes plans pour cet été, donc? Je ne jure de rien. Et je ne condamne pas ni ne juge ceux qui décident d’y aller ou de boycotter. Les deux choix sont valides et valables.
Des choix
Mon mince apport est de remettre en question mon traditionnel séjour en Floride et de (fort probablement) faire un autre choix de destination cette année.
Les provinces des Maritimes ? Le comté de Prince Edward en Ontario? Ou peut-être l’archipel des Mille-Îles? Ou pourquoi pas le Saguenay ou la région de Charlevoix? De chouettes options, il y en a.
C’est peut-être le temps de se serrer les coudes. Ou plutôt, c’est peut-être le moment de lever le bras bien haut et de dérouler son majeur, de le tendre complètement à la verticale…
Symbolique ? Peut-être. Mais ô combien satisfaisant.
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