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Trump: et si on arrêtait de l’écouter?

Continue-t-on à se plier à Donald ou le laisse-t-on parler tout seul?

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Quelle stratégie est-ce que Mark Carney devrait adopter face aux menaces de Trump? Quelle stratégie est-ce que Mark Carney devrait adopter face aux menaces tarifaires du président américain Donald Trump?

Donald Trump recommence de plus belle. Après quelques semaines d’accalmie, le voici reparti pour une nouvelle ronde de menaces tarifaires. Le Canada, le Brésil, l’Union européenne et le Mexique font les frais des récentes annonces du président américain, qui a aussi ajouté des tarifs sur le cuivre.

Bien entendu, cela met de la pression sur les économies à travers la planète, qui craignent les ralentissements, l’inflation et les pertes d’emplois pouvant découler des choix du président américain. D’ailleurs, chez nous, le cabinet de Mark Carney se réunira mardi pour établir la stratégie canadienne et analyser les réactions possibles.

D’un autre côté, j’entends de plus en plus de gens fatigués de voir Donald Trump jouer au yoyo avec notre économie et mettre en péril la relation canado-américaine. Il en faudra peu pour que les gens cessent d’écouter et deviennent insensibles à ces menaces. Alors la question se pose: continue-t-on à se plier à Donald ou le laisse-t-on parler tout seul?

Tout miser sur l’économie nationale

Du moins dans le discours, il me semble que l’occasion est belle pour nos gouvernements de poursuivre, et même d’accélérer, les actions visant à renforcer l’économie nationale et à favoriser des projets qui nous permettront d’être plus résilients face aux menaces de notre voisin. Le gouvernement a fait adopter un important projet de loi en ce sens avec l’appui des conservateurs, et je pense qu’il devrait aller plus loin en débloquant des projets concrets.

Pour Mark Carney, il y a urgence d’agir, car il a commis l’erreur de croire en la bonne foi de son voisin lorsqu’il a annoncé un accord « probable » en juin dernier. D’ailleurs, nous y avons tous un peu cru, mais dans son cas, il a aussi posé des gestes concrets en ce sens, comme l’élimination de la taxe sur les services numériques. Cela ne lui a pas servi à grand-chose, et il doit donc réorienter son discours et ses actions vers ce qu’il contrôle le plus : les projets financés au Canada par son gouvernement.

Des provinces prêtes à collaborer

En ce sens, il a aussi l’opportunité de surfer sur la vague de perception positive qu’ont gardé les provinces lors de la dernière rencontre fédérale-provinciale. Une rencontre avec les provinces suivra d’ailleurs celle du cabinet, et ce sera alors l’occasion d’optimiser le plan d’action. Les provinces sont prêtes à lancer leurs projets, et tant que le premier ministre et son cabinet réussiront à maintenir l’unité que l’on a vue en juin dernier, ils pourront compter sur des ambassadeurs extraordinaires de leur discours d’économie canadienne résiliente.

Développer des partenariats ailleurs

Par ailleurs, lors du dernier G7, on a perçu le désir de Mark Carney de rebâtir des ponts avec certains partenaires commerciaux dont le Canada s’est éloigné sous les années Trudeau. L’Inde et la Chine en sont les meilleurs exemples. À ce niveau, Mark Carney et son gouvernement doivent définir leur nouvelle relation avec ces pays et expliquer les bénéfices — s’il y en a — de recoller les morceaux avec ces économies. Un exemple majeur pourrait être une réduction des tarifs canadiens sur les véhicules chinois.

Actuellement à 100 %, cette surtaxe empêche ces véhicules d’accéder à notre marché. Pendant mes vacances, j’ai conduit un véhicule chinois pendant une semaine, et je peux vous dire que nous pourrions très rapidement devenir accros à ces nouvelles marques qui allient accessibilité, confort et, de plus en plus, fiabilité. Bien entendu, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais une réponse à Donald Trump réside certainement dans le fait de lui rappeler que le marché canadien est aussi intéressant pour d’autres pays.

Dans tous les cas, je pense que nous sommes rendus à une nouvelle étape de notre relation avec Donald Trump et ses menaces. Son discours ne nous fait plus peur : il nous met en colère ou nous laisse indifférents. Maintenant, notre gouvernement doit trouver le bon équilibre entre notre renforcement interne, les nouveaux marchés et une négociation avec les Américains qui reste essentielle, mais qui ne repose plus sur la confiance. Mark Carney nous a dit être le bon politicien pour cela. Cette semaine, il doit le démontrer.

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