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Au-delà de sa carrière, Tina Turner est aussi connue pour avoir été l’une des premières personnalités publiques à avoir brisé le tabou que vivent de nombreuses victimes de violences conjugales au début des années 1980, un geste pionnier et fort.
Anna Mae Bullock, mieux connue sous son nom de scène, Tina Turner, est décédée le 24 mai dernier à l’âge de 83 ans. Sans tarder, les éloges se sont multipliés aux quatre coins du monde pour célébrer la vie de cette chanteuse dont la carrière s’est échelonnée sur six décennies.
Tina Turner, c’est entre 100 et 150 millions d’albums vendus à travers le monde faisant d’elle l’une des artistes en ayant le plus vendu dans notre histoire. C’est aussi plus de 160 prix reçus (et encore plus de nominations) dont 12 prix Grammy — incluant 3 Grammy Hall of Fame et le Lifetime Achivement Award visant à honorer l’ensemble de son œuvre — en plus d’une induction au Rock & Roll Hall of Fame en 2021.
Quand on pense à Tina Turner, on pense à ses succès monstres comme (Simply) The Best (l’une de mes chansons favorites) ou encore What’s Love Got to Do With It, chansons qui ont agréablement traversé le temps et qui continuent de résonner dans les oreilles de nombreuses générations.
Mais au-delà de sa carrière, Tina Turner est aussi connue pour avoir été l’une des premières personnalités publiques à avoir brisé le tabou que vivent de nombreuses victimes de violences conjugales au début des années 1980, un geste pionnier et fort.
En 1981, elle se confie au magazine People, cinq ans après avoir quitté sa relation difficile avec son mari, Ike Turner avec qui elle avait aussi fait carrière. Tina Turner, qui a rencontré Ike à l’âge de 17 ans, a longtemps affirmé être terrorisée par lui et s’être sentie obligée de demeurer dans leur relation par peur de représailles. Ike Turner qui est décédé en 2007 a toujours nié ces accusations et s’est plaint d’avoir été démonisé par les médias.
Les décennies 70 et 80 ont été cruciales en Amérique du Nord pour la reconnaissance sociale des violences faites aux femmes comme problème public et politique, grâce aux mobilisations des mouvements féministes de l’époque. La vaste majorité du temps, lorsque des victimes prenaient la parole, elles n’étaient pas crues ou prises au sérieux ; leurs violences étaient souvent normalisées et banalisées. C’est toujours le cas aujourd’hui, mais à un degré différent. En 1981, très peu de gens parlaient de ces choses-là ouvertement en raison du tabou qui était encore plus fort qu’en 2023.
Loin de se douter qu’elle deviendrait alors un symbole pour cette cause, il s’agissait là d’un autre statut de pionnière avec lequel elle aura toujours eu du mal à composer. Néanmoins, le fait qu’une personne de la stature Tina Turner ait pris la parole a permis de mettre un visage sur ces violences et a autorisé de nombreuses autres victimes à se reconnaître en elle, un geste qui continue de faire écho jusqu’à aujourd’hui.
Bien qu’elle soit devenue la porte-parole d’une cause un peu malgré elle, Tina Turner laisse un héritage riche, qu’il soit musical ou plus personnel, qui continuera d’inspirer d’autres personnes dans les générations à venir. Pour tout ce qu’elle nous aura apporté, nous lui devons une fière chandelle.