Chroniques

Saint-Jean et logement: la semaine des crises prévisibles

Vous savez ce qu’ont en commun la Fête nationale et la crise du logement? Ce sont deux dates qui sont connues de tous, qui se répètent chaque année au même moment et qui sont souvent accompagnées de crises ou de controverses.

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(Montage Noovo Info et image tirée de la Presse canadienne)

Vous savez ce qu’ont en commun la Fête nationale et la crise du logement? Ce sont deux dates qui sont connues de tous, qui se répètent chaque année au même moment et qui sont souvent accompagnées de crises ou de controverses. J’en conviens, la comparaison est un peu boiteuse et clairement les crises ne sont pas du même acabit, mais elles ont en commun le fait qu’on peut les prévenir ou du moins s’y préparer.

Crise du logement ou de l’immobilier?

Parlons d’abord de la crise du logement à laquelle nous sommes confrontés cette année. Bien entendu, on sait tous qu’elle est l’effet d’un manque de logements, surtout abordables et de la diminution drastique de l’accès à la propriété des ménages. Elle représente surtout un drame humain pour toutes ces familles qui ne savent pas où elles habiteront le 1er juillet prochain et qui doivent expliquer à leurs enfants que le camping va être « vraiment cool » durant les prochaines semaines. Le stress, la tristesse et la culpabilité pour ces gens sont effroyables et nous avons le devoir collectif de les accompagner dans cette situation. Je ne parle pas à tort et à travers puisque j’ai moi-même souvenir d’avoir vécu à 6 dans un minuscule appartement de trois pièces et demi en attendant d’avoir accès à un logement lors de nos premières années au Québec. J’admire mes parents d’avoir réussi à nous aider à traverser cette épreuve sans être marqués et nous sommes chanceux d’avoir trouvé rapidement. Cependant, ça ne sera pas le cas pour tout le monde. 

C’est ça la véritable crise du logement et c’est pour cela que, quand les autorités nous parlent de la situation économique, de l’importance du développement immobilier et de la hausse des taux d’intérêt, on a l’impression qu’ils sont insensibles. Ce n’est pas qu’ils ont tort, c’est seulement qu’ils abordent le mauvais problème à ce temps-ci de l’année. Le 1er juillet, c’est une date à laquelle la communication devrait être entièrement dédiée aux familles qui n’ont pas trouvé d’hébergement pour la prochaine année. C’est pour eux que le gouvernement devrait, début juin, présenter un plan d’action concerté avec les municipalités avec des services d’accompagnement personnalisés. Je sais que ça existe, mais la communication des élus n’est pas consacrée à ça exclusivement alors que ça devrait être le cas. On pourra parler des raisons et des solutions globales durant toute l’année, une fois que ces gens-là auront un toit au-dessus de leur tête.

Fête nationale et appropriation

L’autre crise qui semble faire surface chaque année, ce sont les controverses autour de la fête nationale. Cette année, la controverse se situe autour du choix d’Émile Bilodeau pour animer la célébration sur les plaines d’Abraham et de la décision du PQ de ne pas envoyer de représentant à la fête pour cette raison. Je n’ai pas l’intention de critiquer le choix du Mouvement national des Québécoises et des Québécois ou celui du Parti Québécois. Ils ont leurs raisons et elles me semblent aussi valables les unes que les autres. Cependant, ce n’est pas la première fois que l’on est témoin de débats autour de l’organisation de la fête. En 2020, année de pandémie, une controverse sur l’absence du fleurdelisé lors du spectacle traditionnel avait mis les organisateurs dans l’embarras. Dans les années précédentes, les accusations de politisation de la fête, les controverses autour du défilé ou d’un changement de nom et les mécontentements sur les choix musicaux ont été fréquents.

Je comprends les sensibilités, mais, là aussi, il me semble que l’on a suffisamment d’expérience pour savoir ce qui peut entraîner une controverse et diviser les gens. Bien entendu, on ne fera pas l’unanimité, mais l’expérience doit nous servir à prévenir les crises et favoriser le rassemblement. 

Arrivé à l’âge de 15 ans, j’ai appris à célébrer la Saint-Jean, à chérir mon Fleurdelisée, à chanter du Paul Piché et du Félix Leclerc grâce aux gens qui m’ont partagé leur fierté avec ouverture et enthousiasme. Les controverses ne font que diviser et nous éloignent certainement de l’objectif de notre fête nationale : célébrer ensemble notre fierté, notre culture et notre langue. Ces valeurs doivent guider les célébrations. Pour le reste, nous avons 364 autres jours pour en parler.

D’ailleurs, bonne Saint-Jean à tous!!!