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Le 2 novembre 2021, Isabelle Lessard, 21 ans, devenait la plus jeune mairesse de l’histoire du Québec en étant assermentée à Chapais, sa ville natale.
Élue dans la même élection que Catherine Fournier, Stéphane Boyer ou Bruno Marchand, elle représentait à la perfection le type de personne que l’on désire attirer en politique.
Des gens implantés et je dirais même amoureux de leurs milieux, qui veulent faire une différence concrète dans leur communauté et qui n’ont pas peur de prendre des responsabilités à un jeune âge.
Je dis «représentait», car, malheureusement, Isabelle Lessard a remis sa démission à titre de mairesse de Chapais et elle quittera donc son poste le 17 novembre prochain. Elle explique son départ par une charge impossible à porter, mais surtout, par les effets des terribles incendies de forêt qui ont affecté sa région à l’été dernier. D’ailleurs, elle explique être en «choc post-traumatique» suite aux événements.
Au-delà du choix courageux de Mme Lessard qui a, avec maturité, décidé de prendre soin d’elle et de s’éloigner de la politique, on doit se demander si on prend assez soin de nos politiciens, s’ils ont les ressources et si l’on apprécie leur travail à leur juste valeur.
Malheureusement, ma réponse à ces trois questions serait non.
Depuis que je côtoie le milieu politique, j’ai toujours entendu parler de ce domaine comme d’un sport «extrême». Un milieu dur, dans lequel les gens s’exposent à la critique et où les heures interminables jumelées à un stress permanent laissent peu de place à l’équilibre.
Malgré l’évolution de ces questions dans notre société, le constat n’a pas changé et nous sommes obligés de reconnaître que la politique est un milieu de travail qui n’est pas attrayant et qui ne respecte pas nécessairement des notions élémentaires de bien-être au travail, de respect des horaires, de formation et de conciliation travail-vie personnelle.
Est-ce que c’est parce que ce sont des gens payés par nos impôts que l’on ne peut pas leur offrir d’équilibre? Je comprends qu’il faut gérer avec rigueur, mais il est absolument inacceptable que le domaine politique ne soit pas exemplaire en ce qui a trait aux normes de gestion de la santé et du bien-être au travail que l’on exige avec raison à n’importe quelle entreprise privée.
L’exemple de Chapais qui se retrouve sans mairesse, avec une élection à venir et sans savoir s’il y aura une candidature devrait nous faire réfléchir sur les coûts de perdre des élus qui ne peuvent pas prendre le temps de se remettre sur pied versus ce que coûterait de mettre en place des mesures plus modernes de bien-être au travail.
Une des particularités du monde municipal, c’est le fait que les maires et mairesses, élu.e.s au suffrage universel, sont souvent la seule personne imputable sur une panoplie de sujets très variés.
Finances, environnement, développement social, développement économique, ne sont que quelques exemples des enjeux sur lesquels ils et elles doivent régulièrement se positionner, imaginer, proposer et négocier. Cependant, les ressources dans ces secteurs sont souvent limitées et constamment insuffisantes pour le niveau d’implication que l’on demande à nos élus.
Les enjeux comme les changements climatiques ou l’économie sont globaux, mais les solutions sont de plus en plus locales. Les événements comme les feux de forêt ne sont pas de responsabilité municipale, mais ce sont aux maires et mairesses que les gens demandent des comptes et des explications.
Pour le faire adéquatement, il faut plus de ressources, plus d’expertise et surtout, plus de patience de la population.
C’est l’élément qui m’interpelle le plus, car chaque fois qu’un élu démissionne ou parle de ses difficultés, il y a beaucoup de solidarité et d’empathie, mais avons-nous besoin d’arriver aussi loin pour être plus reconnaissants avec nos élus?
Si l’on veut attirer les meilleurs talents dans le domaine politique, on doit s’assurer qu’on leur accorde la reconnaissance qui va avec leurs efforts et cela au-delà du salaire. Les élus municipaux surtout, sont souvent des gens qui cumulent d’autres emplois ou qui sont payés à des salaires loin d’être astronomiques.
Par exemple, la mairesse de Chapais avait un salaire de base de 46 815 $ avec une allocation de dépenses de 16 595 $. Pas très élevé pour le niveau de responsabilité, non?
Alors si en plus, on ne reconnaît pas leur travail, leurs efforts et leur disponibilité en ayant une meilleure opinion de la politique, pourquoi quelqu’un donnerait les meilleures années de sa carrière à ce domaine? Honnêtement, j’admire ceux qui le font, mais je ne comprends pas toujours.
Mme Lessard fait une importante contribution en ouvrant un débat important sur les élus municipaux et leur situation.
À cet effet, bravo à l’UMQ et à la FQM pour leurs initiatives afin de mieux accompagner les élus. Maintenant, comme population, on peut certainement faire une différence en appuyant le travail des élus et en encourageant les élus qui mettront en place des mesures d’amélioration du milieu de travail et qui revendiquent, avec raison, des meilleures ressources. Prenons soin de nos élus et c’est toute la société qui en bénéficiera.