QS tenait son congrès la fin de semaine passée et cet événement a illustré les nombreux défis auxquels la formation politique fait face à l’heure actuelle.
Québec solidaire renvoie une image de stagnation et n’arrive pas à profiter de la baisse de la CAQ. Les tirs amis de Catherine Dorion, qui sont venus ajouter du piquant à quelques jours de l’événement, ont mis en relief les différentes visions quant à l’avenir de la formation politique. L’arrivée d’une nouvelle porte-parole insufflera-t-elle un nouveau souffle à QS?
Émilise Lessard-Therrien a causé la surprise (par trois votes!) à la fin d’une course qui opposait trois candidates au profil fort différent.
Alors que Ruba Ghazal et Christine Labrie sont toutes deux députées, Lessard-Therrien a eu l’odieux d’être la première députée solidaire dans l’histoire de QS à perdre son siège lors de l’élection de 2022. Égérie des régions, les membres ont sans doute souhaité briser cette image de parti de Mtl, mais aussi additionner une joueuse supplémentaire. En effet, Ghazal et Labrie ayant déjà un rôle actif dans l’aile parlementaire, elles pourront sans doute continuer de contribuer activement.
Mais malgré sa victoire, la nouvelle porte-parole devra travailler sans relâche pour avoir de la lumière, ce qui ne veut pas dire que c’est impossible. Et qui sait, les délégués solidaires ont peut-être cru que de donner un rôle central à l’ancienne députée de Rouyn l’aiderait à gagner en 2026?
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La victoire de Lessard-Therrien soulève une autre question, celle des ressources supplémentaires qu’il faudra investir pour lui permettre de faire son travail. QS devra inévitablement lui verser un salaire et lui fournir ne serait-ce qu’un employé afin de la soutenir. Bref, le Gabrielocentrisme, réel ou présumé, dont les critiques faisaient état n’est pas réglé.
Mais de façon encore plus importante, Émilise Lessard-Therrien a de bien grandes chaussures à chausser. Manon Massé jouissait d’une grande popularité et elle a mené ses troupes vers la plus grande victoire de QS en termes de circonscriptions en 2018. Lessard-Therrien arrive dans un moment moins propice et nous pourrons constater si elle, et si sa dynamique avec GND, permettra de reprendre le chemin des victoires de Manon Massé.
Encore la question de la parité!
Le congrès a voté une mesure temporaire voulant que les comtés « gagnables » en élection partielle soient désormais réservés aux femmes et aux personnes non binaires.
Bien qu’on puisse adhérer à cet objectif louable d’avoir plus de femmes en politique (et dans le caucus de QS !), les problématiques de cette approche sont nombreuses autant au niveau de la mise en pratique que des aspects stratégiques.
Donc à partir de maintenant, nous saurons que lorsque QS présente un homme dans un comté, la formation politique ne considère pas ce comté comme étant «gagnable»? Quelle motivation pour les candidats et pour les bénévoles? Quelle motivation pour les électeurs tentés de donner leur appui à QS?
Rappelons que l’investiture dans Jean-Talon l’été dernier avait mené au rejet, par les membres de QS du comté, de la candidate favorite des autorités de QS au profit d’Olivier Bolduc. Ce dernier avait déjà été candidat à quelques reprises.
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En politique, les partis évitent généralement de dire quels sont les comtés cibles. La raison principale est qu’inévitablement, les comtés «pas ciblés» sont ainsi dévoilés. Il est extrêmement démotivant pour des candidats et des bénévoles de se faire dire que la circonscription dans laquelle tu mets des efforts n’est pas considérée comme prenable. Donc, comment QS va-t-il identifier les comtés dans lesquels imposer des candidatures féminines? Mystère.
Objectif louable, mauvaise façon de faire
Manon Massé nous a présenté un faux dilemme en réaction à la résolution:
Je rejette vigoureusement l’idée que la remise en question de cette stratégie soit la manifestation d’un désaveu face à la compétence des femmes. Au contraire ! Oui, il faut multiplier les actions pour attirer davantage de femmes en politique, mais cette approche mur à mur est contre-productive.
D’ailleurs, je serais extrêmement mal à l’aise, de façon bien personnelle, à devenir candidate dans ces circonstances, puisque cela donne justement l’impression que ce n’est pas par nos compétences que nous nous sommes retrouvées sur le bulletin de vote, mais bien parce que nous avons bénéficié d’une forme de discrimination.
Multiplions nos efforts pour attirer plus de femmes, réformons le contexte politique et parlementaire, mais j’ai bien peur que cette façon de faire n’ait pas l’impact souhaité.
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