Chroniques

Que Marwah Rizqy brise le silence!

Dans l’intérêt du public, dans l’intérêt de son parti (si ça a toujours la moindre importance pour elle), etc.

Publié

(La Presse canadienne)

Pablo Rodriguez a annoncé l’exclusion de Marwah Rizqy du caucus libéral. Elle était, depuis le 17 novembre dernier, suspendue en attendant que les choses se replacent entre elle et son chef. Le lien de confiance avait été brisé, selon Pablo Rodriguez. Or, la députée a choisi de continuer de garder le silence. Elle devrait prendre la parole et s’expliquer dans les plus brefs délais.

Dans l’intérêt du public, dans l’intérêt de son parti (si cela a toujours la moindre importance pour elle) et aussi dans l’intérêt de Geneviève Hinse qui a vu sa réputation entachée, Mme Rizqy devrait expliquer exactement sa version des faits.

Depuis maintenant plus de deux semaines, Marwah Rizqy se cache derrière un mur de silence. Avec deux histoires parallèles qui ont peut-être (ou pas!) un lien entre elles, soit celle du renvoi de Geneviève Hinse et celle des fling flangs de financement durant la campagne à la chefferie de Pablo Rodriguez.

Le congédiement de Geneviève Hinse fut très public, alors qu’on garde les justifications confidentielles, laissant place à la spéculation et au doute.

Si elle voulait détruire politiquement le chef qu’elle a appuyé, elle n’aurait pas pu mieux faire. Mais encore une fois, on ignore tout de ses motivations réelles. Elle pourrait les expliquer au lieu de laisser tout le monde dans le noir complet.

Juste avant le passage de Pablo Rodriguez à Tout le monde en parle, elle a néanmoins choisi de lancer quelques éléments dans l’espace public en diffusant un message sur les réseaux sociaux:

«Je suis plus que consciente que les derniers jours ont placé ma famille politique dans une situation délicate et que les Québécoises, les Québécois, ainsi que toute la communauté journalistique ont plusieurs questions qui demeurent sans réponse. Bien que tout au long de mon parcours politique je ne me sois jamais défilée et que j’ai toujours répondu à toutes les questions avec honnêteté, intégrité et transparence, je ne peux malheureusement le faire dans ce cas-ci. Je rappelle que le dossier qui me concerne en est un de ressources humaines et que nos lois ne permettent pas à un employeur de commenter publiquement le dossier d’un ou d’une employé(e) sur la place publique. (…) Je souligne d’ailleurs que si lui et le nouveau chef de l’Opposition officielle, M. André Fortin, jugent que la décision que j’ai prise, et ce, dans le respect des règles qui nous gouvernent, n’est pas la bonne, ils ont tout le loisir de réembaucher l’ex-directrice de cabinet. (…) J’ai pleinement confiance aux différents processus qui se mettent présentement en place et, compte tenu de ce qui précède, vous comprendrez que c’est dans le cadre de ces processus qu’il me sera permis d’apporter des réponses concrètes et documentées aux multiples questions qui se posent. Je comprends que cette posture en déçoive plus d’un(e), mais c’est la seule qui soit raisonnable et juste, dans les circonstances.»

Il est faux de dire que c’est une simple affaire de ressources humaines. En politique, rien n’est une simple affaire juridique. En politique…, tout est politique ! Et elle le sait très bien.

Elle peut parler

De plus, Geneviève Hinse a renoncé à la confidentialité de son dossier en mettant Marwah Rizqy en demeure, lui demandant de rendre publiques les raisons du congédiement.  

Marwah Rizqy, comme tous les parlementaires, bénéficie de ce qu’on appelle le «privilège parlementaire». Elle peut prendre la parole au salon rouge et s’exprimer sans crainte de poursuite, tant qu’il ne s’agit de rien de criminel.

Les gens aiment Marwah Rizqy. Ils aimeraient croire que si elle a posé ce geste, c’est qu’elle devait avoir de bonnes raisons. Mais son long silence jette un doute.

Si elle le souhaitait, elle pourrait utiliser son privilège parlementaire et dissiper l’épais brouillard qui flotte au-dessus de son parti.