Le gouvernement Legault songe à mettre sur pied d'ici Noël un «comité scientifique» ou un «comité de sages» pour se pencher sur les questions d'identité de genre, annonçait le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, mardi.
Dans les deux cas, l’expression me glace le dos. Que serait ce comité scientifique? Serait-il géré par une université? Par un organisme indépendant? La question de la crédibilité et de l’autonomie d’un tel groupe se pose. À moins que les membres de notre gouvernement pensent que les citoyen.nes trans et non-binaires de la province sont des anomalies, le symptôme d’un mal plus grand. L’idée que la transidentité et la non-binarité sont des concepts étrangers à notre culture québécoise, importés des États-Unis par nos «wokes» locaux semble faire du chemin chez nous. C’est d’ailleurs ce que semblait nous reprocher Paul St-Pierre Plamondon hier encore.
Qui seront ces «sages» qui auraient comme mission de se pencher sur la validité de nos vies et de nos besoins? Il y aurait-il, parmi ces têtes grises et raisonnables des gens de nos communautés? Aurons-nous le droit au chapitre?
Mais la question la plus importante est celle de la mission de ces comités. Nous sommes aujourd’hui protégé.es par la loi canadienne. Nous avons le droit de vivre l’expression de genre qui nous correspond le mieux. Ces droits incluent celui de la possibilité d’aller aux toilettes qui correspondent à notre expression de genre sans se faire arrêter. Ces comités auront-ils comme mission de réexaminer nos droits, quitte à suggérer de les limiter?
Bref, risquons-nous de redevenir des citoyen.nes de second ordre?
Qu’il y ait des débats sur la meilleure intégration, la meilleure protection des jeunes personnes trans et non-binaires dans nos écoles me semble être une bonne chose. Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas d’un effort guidé par des considérations idéologiques de redéfinir les conditions de notre existence.
J’ai vécu les années noires du silence sur les identités trans. J’ai connu la honte et la peur. J’aimerais que nos jeunes ne passent pas par là. Qu’iels puissent aspirer à vivre dans une société qui fait plus que les tolérer.
Il me semblait que notre attachement à la laïcité nous protégeait des doctrines et des dogmatismes. Partout dans le monde une certaine droite religieuse et conservatrice s’attaque aux personnes 2SLGBTQ+. J’ose espérer que nos dirigeants ne seront pas influencés par cette nouvelle vague traditionaliste et qu’iels se rangeront derrière le consensus scientifique existant: les hommes trans sont des hommes, les femmes trans sont des femmes et les personnes non-binaires sont valides.

