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Au final, est-ce que ça changera vraiment quelque chose? La réponse est non.
Après six semaines de procès, 22 témoins et plus de 80 heures de témoignages, le sort de Donald Trump s’est scellé quand les 12 jurés new-yorkais l’ont trouvé coupable – 34 fois – d’avoir falsifié des documents pour camoufler un paiement à l’actrice porno Stormy Daniels. Certes, l’événement sera inscrit dans les livres d’histoire et nous en parlerons pendant des années, mais au final, est-ce que ça changera vraiment quelque chose? La réponse est non.
L’explication réside dans le personnage qui est au cœur des procédures judiciaires. Donald Trump n’est pas un politicien comme les autres et la très grande majorité des politiciens n’auraient même pas survécu à une rumeur d’accusation au criminel, encore moins à un procès. Pourquoi est-il l’exception à la règle? Parce qu’il construit un narratif depuis 2015 basé sur l’idée qu’il est une victime et qu’autant l’establishment républicain que les démocrates veulent sa peau. L’expression «chasse aux sorcières» a été utilisée ad nauseam, mais elle fonctionne!
Lorsqu’une rhétorique comme celle-ci est établie et acceptée de la majorité d’un électorat, ici républicain, il est facile de l’utiliser dans presque toutes les situations. L’argument le plus utilisé actuellement est que ce sont des procès organisés par le camp Biden pour empêcher Trump de retourner à la Maison-Blanche. Les différentes branches du gouvernement américain sont, en théorie, toutes indépendantes. Par contre, la particularité du système américain est que les procureurs et même les juges ont des couleurs politiques. Les procureurs sont élus comme démocrates ou républicains et les juges sont nommés par des individus élus avec leur propre couleur politique également. Est-ce que ça veut dire que Joe Biden a organisé les procès de Trump? Je n’y crois pas. Mais la politisation du système judiciaire donne des munitions supplémentaires à Donald Trump qui est déjà l’éternelle «victime», pour reprendre ses propos.
Si son électorat croit, pour toutes ses raisons, que c’est «arrangé avec le gars des vues», le verdict, n’aura aucun effet sur eux.
Cet effet, ou l’absence de, est très clair dans les derniers sondages: un verdict de culpabilité n’aurait aucun effet sur les deux tiers des électeurs. Pour 15% des électeurs, un verdict en ce sens les motiverait même à voter pour lui! Chez les indépendants en particulier, un électorat courtisé par les deux camps, seulement 11% d’entre eux affirmaient récemment qu’un verdict de culpabilité les découragerait potentiellement de voter pour lui.
Tout ça sans compter que Donald Trump est en avance sur Joe Biden pour les intentions de votes dans la majorité des États clés, États qui avaient permis à Biden d’être élu en 2020. Joe Biden souffre d’une importante perte de popularité chez les jeunes et chez les électeurs noirs, qui le délaissent de plus en plus. En sachant à quel point les élections sont serrées, tous les votes sont essentiels au camp Biden pour espérer une réélection en novembre.
Même coupable des 34 chefs d’accusations, il a et va continuer de crier au scandale et à l’instrumentalisation des tribunaux. Il va assurément faire appel de la décision et n’ira pas en prison avant l’élection (à moins d’un processus accéléré). Cela veut dire que l’effet sur l’électorat pourrait être extrêmement limité.
Dans tous les cas, le camp Trump saura tirer son épingle du jeu et trouver le narratif qui pourra aider la campagne qui, malgré toutes les tempêtes judiciaires, a le vent dans les voiles.
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