Alors que Donald Trump s’entête avec sa politique commerciale agressive et imprévisible, certaines voix s’élèvent pour demander que l’on désinvite le président américain de la rencontre du G7 qui se tiendra du 15 au 17 juin. Cette rencontre se tient justement au Canada, dans un contexte où le président américain ne lâche pas le morceau avec le 51e état. Mais quel objectif cela remplirait-il? Calme et patience sont de mise.
Le président Trump s’embourbe dans ses propres sables mouvants. La bonne attitude à adopter est de faire preuve de sang-froid, garder nos options ouvertes et ne pas céder trop facilement.
Le temps n’est pas l’ami de Donald.
Regardons d’abord les marchés. Depuis le 31 décembre 2024, l’indice américain S&P 500 a cru de 0,1 %. En avril 2025, le Dow Jones a connu, pour sa part, son pire mois depuis la Grande dépression.
Pendant ce temps, l’indice de la bourse de Toronto, le TSX a connu une croissance de 6,3 %. La moyenne européenne elle, est à 9,9 %. Du côté du Mexique et du Brésil, on constate une croissance en haut de 15 %.
À qui Donald Trump a-t-il nui avec ses tribulations tarifaires?
Ensuite, penchons-nous sur les derniers rebondissements dans les tribunaux américains. Lors de son arrivée en janvier 2025, Trump a voulu produire un feu d’artifice de décrets présidentiels afin de marquer les esprits et l’histoire.
Or, plusieurs de ces décrets sont mis à l’épreuve devant les tribunaux. Création du DOGE, remise en question du droit du sol, suspension de l’aide internationale, réduction de la bureaucratie fédérale, interdiction des programmes de diversité, interdiction des athlètes transgenres dans le sport féminin… et j’en passe, sont remis en question ou l’ont été. Bref, ça ne passe pas comme une lettre à la poste et la crédibilité de la parole et des annonces de Trump en prend pour son rhume.
C’est la nature des feux d’artifice : ils ne durent jamais longtemps.
Montagnes russes tarifaires
Le 23 avril, dans la foulée de la procédure lancée quelques jours avant par la Californie, douze États américains ont déposé une plainte au tribunal de commerce international des États-Unis contre les tarifs douaniers, affirmant qu’ils sont illégaux sans l’accord du Congrès. Il y a quelques jours, le tribunal tranche en faveur de l’argumentaire des plaignants. Puis, les tarifs sont temporairement réinstaurés durant la procédure d’appel.
Trump est furieux, par sa bouche et celle de son attachée de presse, il attaque les juges, dénonçant que ceux-ci affaiblissent les États-Unis sur la scène internationale.
Puis, il revient à la charge en faisant passer les tarifs de 25 % à 50 % sur l’acier et l’aluminium dès le 4 juin.
À la suite de cette annonce, notre ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, a invité tout le monde à prendre une « grande respiration ». Les mauvaises langues diraient que le ton était moins chill durant la campagne électorale, alors que les libéraux nourrissaient volontiers notre anxiété collective. Ces mauvaises langues ont bien raison.
Cela étant dit, la prescription de Dr Joly est adéquate. Oui, respirer par le nez, mais ne pas rester passifs pour autant. Il est nécessaire de poursuivre les initiatives visant à renforcer notre économie, réduire notre dépendance et se repositionner dans ce nouveau monde post 20 janvier 2025.
Et surtout : ne pas céder quoi que ce soit dans la précipitation pour tenter d’acheter la paix… un Golden Dome à 61 milliards, par exemple !
Nous devons tenir le coup jusqu’aux élections de mi-mandat, une épreuve importante pour Trump qui risque de perdre le contrôle du pouvoir législatif, ce qui aurait comme effet de limiter sa capacité d’action.
TACO est fâché
Les incessants changements d’idées à propos des tarifs lui ont valu au président quelques moqueries. Son plus récent surnom, TACO, est l’acronyme de la phrase « Trump Always Chickens Out », inventée par Robert Armstrong du Financial Times. Nous pourrions traduire le tout par « Trump se dégonfle toujours ».
Donald n’a pas apprécié. Il s’est fâché devant les journalistes et sur les médias sociaux.
Pour ajouter à sa mauvaise humeur, le Canada doit bientôt annoncer un accord de partenariat en matière de sécurité et de défense avec l’Europe. Gageons que les publications sur Truth Social ne seront pas très agréables à lire.
Dans ce contexte, il s’agit de garder l’œil sur l’objectif premier : rester calme, renforcer notre économie et protéger notre souveraineté avec fermeté et constance.
Désinviter Trump du G7 serait contre-productif. Contre l’imprévisibilité de Trump, évitons de prendre des décisions de coin de table.

