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Il fallait voir François Legault hier soir, gonflé à bloc, faisant preuve de reconnaissance envers tout le monde, les travailleurs de campagne, la nouvelle députée, le directeur des élections et les électeurs. Il n’en finissait plus de se réjouir.
Et il a parfaitement raison. C’est une grande victoire.
Premièrement, il vient de clarifier la carte politique du Québec en se débarrassant pratiquement du Parti Québécois. Si le PQ n’a pas pu faire élire un candidat vedette dans un bastion alors que toute l’énergie du parti était concentrée sur un seul comté ; comment pourrait-il faire mieux ailleurs ? C’est à se demander comment le PQ pourra recruter de nouveaux candidats et même conserver ses députés actuels.
Deuxièmement, il a réussi à faire élire une candidate sans avoir à étaler moult promesses à la population de Longueuil et son agglomération. Pas de programme de logement ou d’accès à l’immobilier, pas d’annonces spécifiques sur les transports collectifs ; pas de programme d’achat de rives, de protection de boisé, rien.
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Par ailleurs, le message est clair pour les conservateurs de Duhaime. S’il est prévu qu’ils fassent le plein de vote là où sévit la radio poubelle, son poids politique est bien maigre lorsqu’on sort de la zone des ondes de Radio X. La grande vague politique présentée comme un mouvement unique de l’histoire politique du Québec par Duhaime à ses militants sera finalement limitée à la zone géographique où les conservateurs fédéraux font le plein de votes ; les alentours de la capitale. Toutefois, avec 10 % des votes, il dépasse largement le score et le destin d’un Maxime Bernier — qui a choisi avant lui de séduire les citoyens en colère contre l’État. On peut considérer cela comme une victoire morale.
Mais pour la CAQ cela veut aussi dire que les conservateurs ne seront pas sur le chemin de leur réélection cet automne. Monsieur Legault va devoir apprendre à vivre avec quelques députés bruyants et actifs. Mais il pourra s’en servir pour les opposer à Québec Solidaire et prétendre naviguer au centre.
Restent les libéraux et Québec Solidaire. Leur score ne représente sans doute pas leur vraie force. Les militants n’ont pas cru bon utile d’aller voter dans une élection partielle où leurs candidats n’avaient aucune chance de l’emporter. Mais même en comprenant ce contexte, leur performance est abyssale. Le Parti libéral est en cinquième position — du jamais vu. Pour ce qui est de QS, le score a ceci de choquant qu’on est dans un compté pauvre et urbain. Si QS avait une chance de prendre du galon en dehors d’une grande ville, ça aurait pu être dans un compté de travailleurs modestes comme celui de Marie Victorin.
Au-delà de toutes ces déceptions, il vaut avouer que Shirley Dorismond est une magnifique addition à l’équipe de la CAQ. Une jeune femme noire, allumée, proche des syndicats, charismatique et énergique. Voilà qui va mettre du pep et de la couleur à l’Assemblée nationale.
Est-ce que le cabinet de monsieur Legault ira jusqu’à l’écouter ?