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Les étranges fleurs sont de retour. Elles poussent aux quatre ans. Surplombant nos villes et nos campagnes comme des tournesols géants, elles affichent la tête des courageux qui se présentent en politique en 2022. « Moi ! Moi, je veux y aller ! Moi, je veux ma face sur une pancarte ! » L’exercice est périlleux par les temps qui courent. Vous avez vu le climat ? Celui de la planète et celui de la société ? Il ne faut pas grand-chose pour se faire lancer des tomates qui ont poussé dans des terres surexploitées, quand ce n’est pas des couteaux aiguisés par les médias sociaux ! Sale temps pour la politique. Et pourtant ils sont là. Ils sont ceux et celles qui ont osé mettre un pied devant l’autre et s’avancer pour répondre à l’appel.
L’appel de l’engagement sûrement, du devoir, peut-être d’un rêve, d’un idéal ou simplement celui de l’attirance innée des humains pour l’attention. Le pouvoir. Le standing. Que leurs raisons soient nobles ou égoïstes, il faut saluer ceux qui s’impliquent et ont le courage de se présenter à nous. Je l’aime bien cet exercice démocratique.
Oui, bien sûr, depuis le début, on chiale. La tension du système socio-politico-médiatique augmente d’un cran chaque jour. Et puis, il y a peut-être trop de pancartes disent certains, et puis les slogans ne sont pas bons disent les autres, et puis ça répond à quoi exactement ces promesses, et puis combien ça va coûter tout ça d’abord ?
Bref, tout le monde est fâché, comme d’habitude, sans parler des sondeurs qui essaient dans tout ce vacarme de viser juste. Un œil fermé, tenant fermement leur fléchette du bout des doigts, atteindront-ils la cible ?
Ça vaut la peine de critiquer, de remettre en question, de réfléchir à ce que l’on pourrait changer dans notre système démocratique, mais pour ma part, je ne trouve pas qu’il y ait trop de pancartes. Je ne trouve pas que les slogans sont vides, je ne trouve pas que voter ne sert à rien. Je ne trouve pas qu’on nous emmerde avec ces élections, les campagnes électorales, le porte à porte, les discours et le serrage de main.
En fait, je trouve qu’on est vraiment chanceux. Je suis contente que l’on me demande mon avis, aussi petit soit-il, je suis heureuse que des femmes et des hommes aient encore l’audace de faire de la politique et de manger des insultes à longueur d’année, mais de continuer à mettre l’épaule à la roue. Certains d’entre eux, tous partis confondus, changent pour de vrai les choses. Ont réellement un impact sur la vie des citoyens et sont passionnés pour le progrès.
J’essaie de me dire dans ma petite tête que les pancartes veulent dire ça. Il y a des coins du monde où elles ne poussent jamais, alors je me sens chaque fois reconnaissante quand elles apparaissent.