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«Mais qu’ont donc fait ces jeunes pour les décourager d’embrasser la carrière d’enseignant?»
«Les jeunes ne se dirigent pas vers l’enseignement parce qu’ils ne veulent pas subir ce qu’ils ont fait à leurs professeurs.» C’est ce qu’un directeur m’a confié en 2003.
Déjà à cette époque, la menace d’une pénurie d’enseignants se profilait à l’horizon. Mais qu’ont donc fait ces jeunes pour les décourager d’embrasser la carrière d’enseignant, alors même que les perspectives d’emploi dans le domaine sont excellentes ?
J’ai commencé ma carrière d’enseignement le 16 mai 1988 en première secondaire. Dès le premier cours, un élève a levé la main, et m’a demandé s’il pouvait rejoindre ses amis assis un peu plus loin dans la classe. Je n’ai pas acquiescé à sa demande. Il m’a témoigné son mécontentement de la façon suivante : « mange d’la marde! » Le manque de savoir-vivre de certains élèves a toujours existé. Mais qu’en est-il en 2024?
Le civisme à l’école est un sujet récurrent, surtout ces dernières années, avec des appels croissants à un retour aux bonnes manières, tant de la part des enseignants que des autorités gouvernementales.
Au Québec, la CAQ a récemment soulevé la question, suggérant des mesures comme le vouvoiement et un code vestimentaire pour instaurer un cadre de respect dans les écoles. En tant qu’enseignant ayant exercé pendant 26 ans, j’ai observé de première main la baisse de civisme chez certains élèves, souvent liée à un manque d’éducation de base à la maison.
Avant même l’entrée à l’école, les parents jouent un rôle primordial dans l’enseignement des valeurs de respect, de politesse et de savoir-vivre. Malheureusement, il arrive fréquemment que les élèves arrivent à l’école sans ces bases essentielles. Ce phénomène met l’école dans une position délicate où, au lieu de se concentrer sur l’instruction, elle doit également s’improviser éducatrice de civisme.
Prenons l’exemple d’un enfant qui, dès la première année, ne sait pas dire « bonjour », « merci », ou « s’il vous plaît ». Ces lacunes, apparemment mineures, ont de grandes répercussions sur son comportement en classe et sur sa capacité à interagir socialement. Les rituels de courtoisie, que les parents devraient inculquer à la maison, sont cruciaux pour créer un environnement harmonieux à l’école.
Bien que l’éducation civique ne soit pas la mission première de l’école, elle doit tout de même jouer un rôle de soutien et de renforcement. La mission de l’école est d’instruire, mais elle doit également préparer les jeunes à vivre en société. Cela inclut des comportements tels que le respect des règles, la politesse et le respect de l’autorité. Les jeunes doivent découvrir que ces règles autorisent des satisfactions plus importantes que les frustrations qu’elles imposent, comme le précise Philippe Meirieu dans son livre « Lettre à un jeune professeur », 2016, ESF éditeur, p. 79
Parmi les propositions récentes, le retour du vouvoiement est une solution intéressante pour instaurer un climat de respect dans les écoles. Utilisé correctement, le vouvoiement instaure une distance respectueuse entre l’élève et l’enseignant, tout en rappelant à l’élève qu’il doit adopter un comportement adapté en fonction de la personne à qui il s’adresse.
Le code vestimentaire, quant à lui, peut jouer un rôle important dans la réduction des tensions sociales liées aux inégalités visibles. Un uniforme ou des vêtements simples et uniformes permettent non seulement d’instaurer un climat de discipline, mais également de diminuer les distractions et d’encourager un respect mutuel entre les élèves.
Les petites attentions comme dire bonjour, merci, ou excusez-moi ne sont pas de simples formalités ; elles sont au cœur du respect mutuel. Elles facilitent la communication et réduisent les conflits, que ce soit au primaire ou au secondaire. Instaurer des rituels de courtoisie à l’école, comme saluer les enseignants chaque matin ou lever la main pour parler, transforme la classe en un lieu de respect et d’écoute.
À l’ère des réseaux sociaux, le civisme doit également s’adapter aux comportements en ligne. Le cyberharcèlement et l’anonymat sur Internet posent de nouveaux défis, rendant l’éducation au civisme plus complexe. Il devient essentiel d’enseigner aux élèves un comportement responsable en ligne, avec des cours sur le cyberrespect et la gestion des réseaux sociaux.
En conclusion, bien que l’école ait un rôle à jouer dans l’éducation au civisme, ce sont avant tout les parents qui doivent être les premiers modèles pour leurs enfants. Une collaboration étroite entre parents et enseignants est indispensable pour inculquer durablement ces valeurs aux jeunes.
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Vous en pensez quoi ? Devrions-nous revenir à l’enseignement des bonnes manières ? Les parents ont-ils une responsabilité à l’enseignement des valeurs comme la politesse et le civisme à l’école et en société ? Nos jeunes sont-ils les seuls à être blâmer ?
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