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«Une octogénaire qui trotte 21,1 km ? Ça m’impressionne. Pas vous ?»
Qu’est-ce qui les fait courir ? Quand je vois tous ces gens passionnés de course à pied, je me demande toujours pourquoi ils courent. Moi qui entretiens une relation amour-haine avec la course, je l’avoue : les coureurs me fascinent.
Les coureurs comme Lucie Laroche, 82 ans, me fascinent. Cette octogénaire va courir le demi-marathon dimanche à Montréal, dans le cadre du Marathon Beneva.
Une octogénaire qui trotte 21,1 km ? Ça m’impressionne. Pas vous ?
« C’est mon onzième demi-marathon ! me lance-t-elle au téléphone, une pointe de joie et de fierté dans la voix. Je ne dis pas que je cours tout le long, j’alterne marche rapide et course. »
Lucie ne court que depuis une dizaine d’années. Elle s’y est mise parce qu’« elle avait le temps ».
« Avant je m’occupais de ma mère qui était malade, confie cette résidente de Rivière-des-Prairies, je n’avais pas le temps de marcher ni de courir. Aujourd’hui, c’est différent. »
Tous les jours, elle marche environ sept kilomètres dans son quartier. Beau temps mauvais temps, Lucie enfile ses souliers de course. « Je dois d’ailleurs les remplacer à chaque année ! », s’exclame-t-elle.
Est-ce qu’elle est accompagnée ? Est-ce qu’elle écoute de la musique ? Non, Lucie marche seule, en écoutant le chant des oiseaux et le bruit du vent. Et en souriant aux passants qu’elle croise.
« Ces promenades sont maintenant indispensables pour moi, dit-elle. C’est ma “pilule”. C’est mon remède. »
Fatiguée ou pas, elle sort. Elle joue aussi au golf et aux quilles. Elle participe à des activités du club social de l’entreprise où elle a travaillé toute sa vie. Elle va au théâtre. Et elle voyage !
« J’ai passé deux mois en Tunisie l’an passé et cette année, en juin, je suis allée en Grèce. Et je vais parfois voir ma fille qui habite dans l’Ouest canadien. »
Veuve depuis une douzaine d’années, Lucie parle de la marche et de la course comme d’une échappatoire, d’une façon d’évacuer le stress, de se reconnecter à elle-même. Et de trouver une sorte de paix intérieure.
« Il m’arrive de marcher avec des amis, mais bien souvent, je marche seule, glisse-t-elle. Je trouve qu’ils ne vont pas assez vite ! »
Elle éclate de rire.
Lucie est un peu mon idole. Je vois en elle la possibilité de vieillir en forme. On parle si peu des aînés qui pètent le feu… et pourtant, au Québec, il y en a.
Jeanne Couture est aussi mon idole.
Jeanne a 5 ans et samedi, encouragée par ses parents, elle va courir son premier kilomètre au marathon de Montréal.
« J’aime courir vite, mais ça me fait mal aux jambes », m’explique la petite au téléphone, entre quelques silences, quelques petits rires gênés et quelques chuchotements à sa mère.
Son frère Étienne, 7 ans, va lui aussi courir la distance d’un kilomètre tout comme sa petite sœur Marie. Il n’y a pas de hasard : les parents de Jeanne sont des coureurs.
« Avec trois jeunes enfants, on a choisi de faire de la course à pied parce que… c’est facile ! » explique la mère de Jeanne, Isabelle Poulin.
Puisqu’ils habitent à proximité du parc Jarry à Montréal, Isabelle et son conjoint enfilent leurs baskets, en alternance, et sortent courir « sans pression » et sans horaire précis. Isabelle et son chum ne sont pas dans la performance. Ils sont dans le plaisir.
Et ça aussi, ça m’impressionne. Dans une ère de kilomètres comptés, de courses affichées sur les réseaux sociaux (incluant le temps enregistré), de partages effrénés d’activités, je suis toujours fascinée par ces gens qui courent « juste pour le fun », sans montre, sans prendre de photos, sans flafla.
Tout comme Lucie et Jeanne, des milliers de coureurs passionnés seront sur la ligne de départ ce week-end à Montréal : en tout, ils sont 27 000 inscrits à la 32e édition du Marathon Beneva. L’événement, qui sera encadré par plus de 2 000 bénévoles, affiche complet.
Et moi ? Moi je serai sur les abords du parcours pour les encourager, les applaudir, les célébrer, les admirer.
Bravo, les coureurs !