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Étrange gouvernement de celui de la CAQ, capable de s’attaquer avec vigueur à des problèmes urgents, mais se cassant régulièrement les dents sur des enjeux de long terme.
Avec Omicron qui s’apprête à remplir les hôpitaux jusque dans les corridors, nous aurons à nouveau quotidiennement sur nos écrans le spectacle d’un François Legault à la manœuvre, fermant telle catégorie d’établissements ; apportant de l’aide à tel autre, encourageant les Québécois ou les poussant à plus de discipline. Même s’il ne faisait rien d’autre jusqu’à la fin du mandat, les citoyens se dirigeront aux urnes, en novembre, en ayant de lui l’image d’un homme d’action.
Mais en toute honnêteté, Legault n’avait pas besoin de ce scénario pour apparaître comme un homme capable de livrer la marchandise. Avec ou sans pandémie, on pourra dire de lui et de son gouvernement que c’est le sens qu’ils ont voulu donner à leur mandat. Les projets de loi et les réformes se sont multipliés. On retiendra en particulier la force et la volonté avec laquelle ils se sont attaqués à la pénurie de personnel dans les CHSLD et le programme de recrutement des infirmières.
Certes, c’est la pandémie qui a révélé l’ampleur du déficit de main-d’œuvre, mais jamais nous n’avions vu des stratégies aussi concrètes et significatives pour régler le problème. Le programme de bourses universitaire du ministre Boulet est venu compléter le tout. Quinze à vingt mille dollars de bourses annuelles pour pousser les étudiants à choisir les domaines d’études pour lesquels nous sommes en déficit structurel de main-d’œuvre — c’est du jamais vu. On est loin du temps pas si lointain où Jean Charest voulait augmenter les frais de scolarité.
On ne peut pas non plus passer sous silence l’effort massif qui a été mis en place par Simon Jolin-Barette et Geneviève Guilbeault pour lutter contre la violence faite aux femmes (tribunal spécialisé, financement des maisons pour femmes victimes de violence, bracelet électronique).
Plusieurs ministres ne sont pas en reste ; révision de l’aide à mourir ; programme de construction et rénovation des écoles, réforme du droit de la famille, valorisation du travail d’enseignante et j’en passe.
Mais ce même gouvernement semble perdre tous ses moyens pour comprendre et appréhender les enjeux dépassant l’urgence immédiate. À commencer bien sûr par l’environnement. La production de gaz à effets de serre continue d’augmenter au Québec — une situation unique dans les pays de l’OCDE. La seule mesure assez puissante pour mettre fin — au moins à l’augmentation — serait la conversion immédiate à l’électricité de centaines de milliers de voitures à essence.
Or, on nous promet une interdiction de véhicules à essence… en 2035. Le gouvernement se refuse à considérer la moindre contrainte sur les consommateurs qui pourrait influencer leurs choix. Ce qui fait que l’augmentation des ventes de «pick-up» dépasse de loin celle des plus petites voitures.
Même obstination insensée pour le vieillissement de la population ; les 3000 places en maison des aînés ne seront qu’une goutte dans l’océan des dizaines de milliers de personnes en attente d’une place dans un CHSLD.
La négation de la crise du logement est de la même nature. Pour Montréal, une entente de construction de logements sociaux a été signée. Au mieux, elle permettrait de loger 300 familles par an. L’an passé c’est plus de 30 000 qui ont quitté l’île.
Et que dire de la violence urbaine à Montréal ? Est-ce que le gouvernement pense vraiment qu’on peut l’arrêter avec des subventions de 5 millions de dollars par année à des groupes communautaires.
Franchement, je n’arrive pas à comprendre. Pour être capable d’agir comme le fait le gouvernement Legault dans de nombreux domaines, il faut connaître les dossiers et les pistes d’action. Comment cette compréhension peut-elle s’évaporer pour d’autres enjeux tout aussi importants.