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Malheureusement, nous avons eu récemment un triste exemple de comment des adultes ont visiblement laissé tomber des jeunes.
Ça ne prend pas seulement un village pour élever un enfant.
Ça prend aussi une communauté bienveillante pour le protéger.
Malheureusement, nous avons eu récemment un triste exemple de comment des adultes ont visiblement laissé tomber des jeunes.
Je fais ici référence au scandale qui a eu l’effet d’une bombe à l’École secondaire Saint-Laurent.
On apprenait donc que trois entraîneurs qui travaillaient dans cette école secondaire soit — Daniel Lacasse, Robert Luu et Charles Xavier Boislard — auraient commis des crimes à caractère sexuel sur des joueuses de basketball sur une période de plusieurs années, et ce, en toute impunité.
Les victimes seraient en majorité des adolescentes noires, racisées, issues de familles monoparentales ou de milieux défavorisés. Les suspects ont été arrêtés. La Commission scolaire Marguerite Bourgeois a mandaté une « firme externe » afin de lever le voile sur le climat de travail malsain qui fut dénoncé par de nombreux intervenant.es, jeunes, employé-es et ex-employées notamment dans La Presse.
Le Gouvernement du Québec s’est lui aussi mêlé de la partie en demandant une enquête sur Basketball Québec, l’organisme qui régit la discipline du basketball dans la province.
J’aimerais croire que cette situation est un cas unique ou isolé. Hélas. Ce qui a permis à ces violences de se produire, c’est la loi du silence, cette omerta, ce silence complice, ses secrets de polichinelle.
L’omerta, c’est voir son cercle social fondre comme neige au soleil parce qu’on a osé parler.
C’est subir une désolidarisation tranquille parce qu’on dénonce la misogynie éhontée de certains hommes à notre égard.
C’est se retrouver isolé parce qu’on a exigé du respect.
L’omerta, c’est voir sa communauté se ranger du côté du pouvoir et de ses soi-disant « leaders » plutôt que de la morale.
C’est la banalité et la rapidité avec laquelle on se retrouve réduite au silence et intimidée.
C’est voir sa santé mentale être instrumentalisée contre soi pour soi-disant prouver qu’on a tout faux, alors qu’en réalité, c’est une preuve, voire un symptôme des atrocités subies.
L’omerta, c’est voir une société valoriser des breloques de bronze, d’argent et d’or au détriment de la santé physique, psychologique et sexuelle de jeunes.
C’est faire porter le poids et le fardeau des dénonciations sur des personnes vulnérables et les laisser tomber tour à tour, faute de tenir compte de leur détresse et de prendre leurs (com) plaintes au sérieux.
Pourtant, des solutions existent, notamment en matière de prévention et d’intervention.
Il y a plusieurs années, je réalisais un mémoire de maîtrise en travail social et études de genre sur la question du respect de la dignité des victimes-survivantes et des dévoilements d’agressions à caractère sexuel.
Déjà à cette époque, le manque de protocoles et de formations sur la manière d’accueillir et de traiter des dévoilements d’agressions à caractère sexuel était nommé par plusieurs intervenantes sociales œuvrant en milieu scolaire que j’ai eu le privilège de rencontrer.
Dans un cadre institutionnel, quel qu’il soit, lorsque l’on n’est pas formé sur ces enjeux, il y a généralement trois choses malheureuses qui se produisent dans un tel contexte : de l’apathie, des actions de bonne foi, mais teintées de maladresse ou carrément des représailles.
Bien que cela ne constitue pas une panacée, former les employés et les adultes sur leurs obligations légales et morales en la matière envoie toutefois un message et un signal fort que l’omerta ne sera dorénavant plus tolérée.
Oui, tout adulte qui abuse de son autorité et de son pouvoir sur des jeunes est entièrement responsable de ses actions. Or, il y a également dans notre société la culture du viol qui se traduit par la banalisation et la normalisation de ces violences à petite et à grande échelle. Et cette responsabilité, elle est partagée. Elle est à la fois individuelle et collective.
On ne peut que saluer le courage de ces jeunes femmes.
Toutefois, force est d’admettre qu’elles méritaient mieux.
On dit que le Québec se doit d’être « fou » de ses enfants.
Il devrait plutôt en être digne.