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La démission de Jacinda Ardern lève le voile sur la pression inhérente à une carrière en politique, tous genres confondus.
«Je ne quitte pas parce que c’était difficile […] Je quitte parce qu’avec un rôle aussi privilégié vient la responsabilité, la responsabilité de savoir quand vous êtes la bonne personne pour diriger, et aussi, quand vous ne l’êtes pas. Je sais ce que ce travail demande, et je sais que je n’ai plus assez dans le réservoir pour lui rendre justice. C’est aussi simple que ça.»
Ces mots sont ceux de Jacinda Ardern, qui vient d’annoncer sa décision de tirer sa révérence. Citant son épuisement, l’actuelle première ministre de la Nouvelle-Zélande ne sollicitera pas un autre mandat. Elle quittera officiellement ses fonctions le 7 février prochain.
Dans la foulée de cette annonce, la British Broadcasting Corporation (BBC) — la chaîne nationale au Royaume-Uni — a titré la nouvelle comme suit «Can women really have it all?» (Les femmes peuvent-elles vraiment tout avoir ?). Un titre qui n’a pas manqué d’être dénoncé pour son sexisme. Car rares sont les fois où les médias questionnent les hommes politiciens sur leurs difficultés à jongler entre leur carrière et leur vie familiale. Devant le tollé suscité, la BBC a édité le titre de son article.
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Toutefois, la démission de Jacinda Ardern lève le voile sur la pression inhérente à une carrière en politique, tous genres confondus. Au-delà des allégeances et de la partisanerie, il faut reconnaître les sacrifices que les politiciennes et les politiciens doivent faire lorsque ceux-ci œuvrent pour nous, les citoyens. Pour les femmes politiciennes, la pression est souvent plus importante encore et le droit à l’erreur encore plus rare.
À l’âge de 37 ans, en 2017, Ardern est devenue la plus jeune première ministre du monde. Son élection avait fait les manchettes dans de nombreux pays. Vivre avec ce niveau d’attention médiatique est tout sauf reposant. De plus, au cours de son mandat, elle sera devenue mère et aura notamment géré les répercussions de l’attentat terroriste de Christchurch en plus de la pandémie de COVID-19. Être cheffe d’État dans ces circonstances aurait mené n’importe quel être humain à l’épuisement. Je n’ose pas imaginer le nombre de politiciens qui ressentent également cet épuisement et cette fatigue, mais qui ne s’autorisent pas à le dire à voix haute.
Ainsi, ce qui détonne dans la démission de Ardern est sa capacité à admettre ses limites publiquement. Cela est la preuve d’une très grande humilité. On y voit là la marque d’une politicienne qui a eu accès aux hautes sphères pour le bien commun plutôt que par soif de pouvoir. Une politicienne qui comprend très bien l’importance de son rôle et les responsabilités qui l’accompagnent.
Bien que plusieurs regrettent son départ, notamment en raison de sa grande compétence et de son leadership, les mots d’Ardern ont quelque chose de rafraîchissant. Rares sont les politiciens qui savent tirer leur référence avec autant de grâce et d’élégance.
Être un leader, c’est aussi savoir quand partir. C’est savoir mettre son ego de côté pour prendre conscience que l’on est plus ou pas « la personne de la situation ». Pour cela, Jacinda Ardern continuera d’être une source d’inspiration pour de nombreuses femmes à travers le monde. Une inspiration que de nombreux hommes politiques devraient, eux aussi, prendre en exemple.