Début du contenu principal.
Le projet de loi 38, qui modifie La loi sur les soins de fin de vie, est mort au feuilleton avec la fin de la session parlementaire et les élections à venir le 3 octobre prochain. Québec a manqué de temps pour en élargir la portée, notamment pour les personnes ayant reçu un diagnostic d’Alzheimer et qui aimeraient formuler une demande anticipée d’aide médicale à mourir. Dans le contexte actuel, reporter ce délicat dossier à plus tard était sincèrement la bonne chose à faire pour éviter de tourner les coins ronds.
On se rappellera que le gouvernement a récemment reculé sur la question des personnes en situation de handicap après avoir cherché à l’inclure dans le projet de loi. C’était sans en avoir débattu au préalable. Cela a mené à une levée de boucliers des partis de l’opposition. Les membres de la société civile concernés de premier chef par cet enjeu n’avaient pas été consultés.
Ainsi, ce débat et un autre portant sur la question des maladies mentales graves et incurables seraient à venir. Je nous crois capables d’un effort transpartisan, après les élections, pour arriver à un certain consensus. Nous l’avons déjà fait lors de l’adoption de la loi, en 2015. Nous devons d’ailleurs beaucoup à Mme Véronique Hivon, qui quitte la vie politique et qui est souvent nommée comme la « marraine » de ce dossier.
Je ne peux faire office de porte-voix. Le combat de Jean Truchon et Nicole Gladu ont notamment permis de démystifier de nombreux enjeux qui touchent l’aide médicale à mourir. Je n’ai pas toutes les réponses à ce dossier, qui m’apparaît, ma foi, extrêmement sensible. Je sais toutefois que nous vivons dans un monde qui n’est pas si ouvert et adapté à la différence de tout acabit, malgré nos beaux discours, nos belles promesses et nos droits existants. J’inclus le Québec dans le lot.
La douleur de beaucoup de gens ayant reçu ces diagnostics ne résiderait-elle pas là, plutôt que dans leur différence en soi, de manière intrinsèque ? Est-ce la société qui est malade plutôt que les individus ? Ne faudrait-il pas agir en amont et sur les déterminants sociaux de la santé (mentale) ainsi que sur la stigmatisation ? Ces questions sont somme toutes assez philosophiques, sans doute pas si simples ou dichotomiques, mais elles méritent d’être posées.
En matière de santé mentale, nous savons que l’accès aux services psychosociaux demeure difficile tant au public qu’au privé. La pandémie n’a pas soulagé la pression sur le réseau qui préexistait avant la COVID-19. Si les gens avaient un meilleur accès à des services et des soins qui leur permettrait de pallier leur handicap, je suis persuadée que cela soulagerait leurs souffrances à court ou moyen terme, en tout ou en partie.
Il ne faudrait pas que ce droit à l’aide médicale à mourir devienne un bar ouvert pour nous substituer collectivement et politiquement aux droits des individus de vivre dans la dignité. Il ne faudrait pas que cela devienne la perception de ce droit, non plus.
Fort heureusement, je nous crois assez sages pour ne pas se rendre là. Or, est-ce qu’inclure ces groupes envoie, le message insidieux, que leurs vies ne valent pas la peine d’être vécues ? Après tout, c’est quelque chose d’extrêmement subjectif, personnel et intime, mais je ne crois pas que ce soit le cas pour tous et toutes. Et il est là l’enjeu, tout ça relève du cas par cas. Je suis toutefois rassurée que le gouvernement ait compris que les débats de ce type en valent la peine et méritent d’être menés en profondeur et avec prudence, plutôt que dans l’urgence.