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La docteure Ayoade Alakija, co-présidente de l’Alliance africaine pour les livraisons de vaccins, ne décolère pas.
Le 3 décembre dernier, elle publiait une lettre ouverte dans The Guardian intitulée « L’Afrique a prévenu le monde à propos d’Omicron. Pourquoi sommes-nous maintenant traités comme des parias? »
En effet, l’Afrique du Sud a signalé la présence du nouveau variant de la COVID-19 à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 24 novembre dernier. La réaction fut rapide : plusieurs pays occidentaux ont choisi de fermer leurs frontières aux voyageurs en provenance de certains pays d’Afrique.
Une décision qui aura de lourdes conséquences pour ces pays selon l’OMS.
Le variant Omicron est pourtant présent dans plusieurs pays occidentaux et de telles restrictions sur les déplacements n’ont pas été mandatées pour autant. Par exemple, les États-Unis et le Canada ont fermé leurs frontières pour les voyageurs en provenance de plusieurs pays africains. Ce n’est pas le cas entre les deux pays d’Amérique.
Des analyses ont d’ailleurs pu confirmer la présence du nouveau variant aux Pays-Bas avant qu’il ne soit signalé à l’OMS par l’Afrique du Sud.
Il y a plusieurs mois déjà, l’OMS déplorait les inégalités vaccinales dans un communiqué. Achim Steiner, l’administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement y affirmait que moins d’un pour cent de la population de certains pays « à revenu faible ou intermédiaire » était vaccinée. Il soulignait que ce déséquilibre pourrait engendrer, entre autres, une reprise économique « à deux vitesses ».
En entrevue sur les ondes de la BBC, Dre Alakija appelait les leaders du continent africain à dénoncer les inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud par rapport à l’accès aux vaccins. Elle persiste : la livraison des vaccins en Afrique tarde et nous fonçons droit vers un mur. Nous avions été avertis.
Alors que plusieurs pays occidentaux ont entamé la distribution d’une troisième dose à leurs citoyens, plusieurs Africains n’en ont même pas reçu une seule. Ces disparités favorisent l’émergence de variants, et ce, au détriment du monde entier.
Les discours et les politiques discriminatoires en période d’épidémie ne sont pas nouveaux. Des travaux de recherche ont notamment documenté les liens entre l’épidémie du VIH/sida et l’adoption de politiques d’immigration controversées particulièrement vers la fin des années 70.
Rappelons-nous la stigmatisation des personnes d’origine asiatique au début de cette crise sanitaire, quand l’origine du coronavirus pointait vers la Chine.
Après près de deux ans de pandémie, il serait peut-être temps de s’indigner de certains choix et priorités des dirigeants comme le font la Dre Alakija et plusieurs organisations internationales.
Ne me méprenez pas. Il est évident que la gestion d'une pandémie historique n’a rien de simple.
Mais justement, nous pourrions profiter de cette occasion unique pour chercher des solutions novatrices et inédites ailleurs. Peut-être que si nous ouvrions nos ornières scientifiques et qu’on prêtait plus attention au travail des chercheurs des pays que l’on qualifie comme « défavorisés », on trouverait ces nouvelles solutions.