L’immigration anime les discussions politiques en ce début d’année. Le débat peut rapidement devenir polarisé, mais à l’heure actuelle, on ne peut pas se permettre de simplement le balayer sous le tapis. Le gouvernement fédéral dégage une impression de déconnexion.
Face à cet enjeu, il devra agir au moins sur trois fronts : un resserrement pour les étudiants étrangers, l’imposition de visas pour baisser le flux de demandeurs d’asile et des moyens pour soutenir les provinces dans l’accueil de ces demandeurs.
Une impression de désordre
On estime qu’il y avait 528 000 résidents non permanents au Québec en 2023. Il s’agirait d’une hausse de 46% par rapport à l’année précédente.
Qui sont-ils? Les étudiants internationaux, les travailleurs étrangers temporaires ainsi que les demandeurs d’asile en attente d’une décision sur leur statut.
Les étudiants internationaux, qui constituent environ le quart des immigrants temporaires, sont une source intéressante d’immigration permanente. Dans un monde idéal, ils et elles viennent étudier ici, obtiennent des diplômes d’ici et sont déjà bien intégrés lorsqu’ils font leur demande de résidence permanente. Mais dans les dernières années, des stratagèmes qui ont perverti l’esprit des programmes d’immigration ont été mis en lumière. Ces collèges louches, qui produisent des diplômes ne valant rien, sont devenus une porte d’entrée rapide vers l’immigration en plus d’un lucratif business. Québec et Ottawa doivent trouver des solutions ensemble pour faire cesser cette situation gênante.
Les travailleurs étrangers temporaires, qui constituent plus de 40% des immigrants temporaires, occupent des emplois pour lesquels les employeurs ont du mal à recruter localement. Le grand nombre de ces travailleurs a commencé à faire l’objet de questionnements, et même François Legault a évoqué la possibilité d’en réduire le nombre, et même si le gouvernement souhaitait que les entreprises se tournent vers une meilleure productivité, il serait un peu surprenant que les gouvernements fassent de la réduction des travailleurs étrangers temporaire une priorité en cette période de pénurie de main-d’œuvre.
Le Québec fait plus que sa part
La plus grande urgence est sans contredit du côté des demandeurs d’asile. On sent le fossé se creuser entre Québec et Ottawa. François Legault multiplie les appels à l’action sur cet enjeu pendant que Justin Trudeau élude allègrement la question.
Des dizaines de milliers de demandeurs d’asile entrent sur le territoire québécois chaque année, de façon disproportionnée par rapport au reste du Canada. La fermeture du chemin Roxham n’a pas ralenti la cadence. Le portrait de la migration s’est seulement transformé.
Face à cette situation, Ottawa doit donner les moyens d’accueillir ces personnes ainsi que de s’intéresser à la source même de la (trop) grande quantité de demandeurs d’asile qui arrivent ici. À l’heure actuelle, les autorités indiquent que la majorité des demandeurs proviennent du Mexique. Des discussions ont lieu afin d’imposer un visa pour ralentir le flux.
Ottawa doit cesser le déni
Le gouvernement Trudeau ne peut pas continuer à demeurer aussi passif. Une impression de perte de contrôle plane, et pas seulement sur les dossiers d’immigration. Ingérence chinoise, déficits monstres… Le gouvernement libéral a plus que jamais besoin de démontrer qu’il est en mesure de prendre des dossiers de front et d’agir efficacement. Le « gros bon sens » de Pierre Poilièvre séduit un nombre grandissant d’adeptes et son approche contraste avec l’aura d’irresponsabilité qui suit Justin Trudeau et son acolyte démocrate.
Nous n’avons même pas abordé les seuils d’immigration permanente ! Le fossé est grand entre les seuils souhaités par Ottawa (500 000 pour l’ensemble du Canada) et ceux du Québec (50 000). Le fédéral semble vouloir garder le cap à tout prix.
Gageons que si les voix d’autres provinces se joignaient à celle de François Legault, les choses se mettraient à bouger beaucoup plus rapidement!
*roulement d’yeux*

