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La guerre commerciale déclarée par Trump au Canada est historique. Quelles seront les conséquences pour le mouvement indépendantiste québécois?
La guerre commerciale déclarée par Trump au Canada est historique. Quelles seront les conséquences pour le mouvement indépendantiste québécois?
La menace récente, par l’administration Trump, de tarifs douaniers de 25% sur les importations canadiennes va nécessairement affaiblir l’économie du Canada et du Québec. Avec ou sans sursis, ce contexte extraordinaire transformera en profondeur les dynamiques politiques, notamment électorales.
Cette nouvelle conjoncture offre à la fois des défis majeurs, mais également des opportunités très intéressantes pour les indépendantistes du Québec.
Les deux défis principaux pour les indépendantistes sont plutôt clairs. Premièrement, ils devront convaincre la population québécoise que l’indépendance devrait être une priorité malgré le contexte économique incertain. Deuxièmement, ils devront prouver à l’électorat que leur bien-être économique et leur qualité de vie générale ne seraient pas réduits dans un Québec indépendant.
Il n’y a pas mille et une façons de formuler les choses : ce sont deux défis considérables. D’autant plus que la littérature académique est très claire : l’évaluation de l’économie d’un Québec indépendant fait partie des facteurs les plus importants expliquant l’appui (ou non) à l’indépendance.
Malgré le défi de taille que représente la guerre commerciale avec les États-Unis, les indépendantistes pourraient saisir cette opportunité pour faire valoir que, plus que jamais, ce contexte met en lumière les limites qu’impose la fédération canadienne au Québec.
Premièrement, il n’y a tout simplement pas d’unité canadienne quand vient le temps de défendre certains intérêts économiques d’une seule voix. C’est tout à fait normal considérant que le Canada est un pays très vaste avec des régions aux intérêts économiques variés. Dans chaque négociation canadienne, il y a des gagnants et des perdants régionaux.
Les indépendantistes devraient être clairs : le Québec, dont le poids démographique et politique diminue invariablement d’élection en élection, deviendra de plus en plus souvent perdant. Autrement dit, les relations tendues entre le Canada et les États-Unis pourraient illustrer, de manière plus convaincante que jamais, qu’une représentation unilatérale canadienne peut nuire au Québec.
Deuxièmement, cette guerre commerciale est accompagnée d’une réflexion identitaire profonde. Trump souhaiterait annexer le Canada et force donc le débat public sur cette question : qu’est-ce qui distingue les Canadiens des Américains? La réponse est facile pour les Québécois. Elle l’est cependant beaucoup moins pour les Canadiens anglais. Remettre à l’ordre du jour les questions identitaires et, surtout, linguistiques peut bénéficier au mouvement indépendantiste.
Troisièmement, le réflexe de développement économique « national » afin de réduire notre dépendance aux États-Unis sera accompagné d’enjeux fondamentaux qui pourraient braquer les québécois quant à la volonté d’union nationale. Par exemple, devrait-on développer des oléoducs, payés en partie par le Québec, pour mieux développer l’industrie pétrolière des prairies canadiennes?
Le Parti québécois devrait-il renoncer à l’idée de tenir un référendum dans un premier mandat afin de ne pas nuire à ses chances de former le prochain gouvernement en 2026?
On dit parfois qu’en politique, une période de six mois correspond à une éternité. Imaginez à quel point les choses peuvent changer dans les vingt prochains mois (plus de trois éternités!). Dans ce contexte, il est encore trop tôt pour que le Parti québécois considère sérieusement revoir sa stratégie d’accession à l’indépendance.