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Depuis plus d’une dizaine de jours, Poste Canada est en grève. Aucun courrier n’est livré.
Depuis plus d’une dizaine de jours, Poste Canada est en grève. Aucun courrier n’est livré. Honnêtement, le même événement serait arrivé lorsque j’avais neuf ans, je serais devenu fou et par le fait même, j’aurais fait virer folle ma mère ! Chez nous, c’aurait été le novembre des fous.
Pourquoi?
PARCE QUE JE N’AURAIS PAS PU ENVOYER MA LETTRE AU PÈRE NOËL!
Comment aurait-il pu recevoir les étrennes de ma précieuse liste de cadeaux? Il faut savoir que dans mon temps, la seule façon de communiquer avec l’homme à la barbe frisée et permanentée, c’était avec une bonne vieille lettre écrite au crayon au plomb et un timbre léché avec amour et espoir.
Il suffisait d’envoyer le tout à l’adresse :
Grève de Postes Canada: des Québécois ne reçoivent plus leurs chèques
J’imagine bien que de nos jours, les lutins ont « gossé » une antenne wifi hi-tech sur une butte de neige devant la grange des rennes, ce qui permet à mère Noël de trier les messages d’enfants pour que tout soit en ordre dans le dossier virtuel : cadeaux mondiaux enfants 2024.
Mais ce n’était pas possible à mon époque. L’internet pour tous était encore un rêve dans le cerveau de quelqu’un, quelque part sur la terre. Comme dans un conte pour tous, il aurait fallu que ma gang pis moi, on enfile notre suit de « ski-doo », pis qu’on parte « su’l pouce » dans un truck de livraison d’huile à chauffage qui s’en allait dans le grand nord pour aller lui livrer nos lettres en mitaines propres.
On serait sans doute finalement arrivé devant la maison du Père Noël pour se rendre compte qu’on avait oublié notre poche de lettres sur le bord de la 20. Bravo les champions.
Déjà à neuf ans, j’étais un control freak. Ma lettre au Père Noël n’était pas faite sur un coin de table, elle était préparée avec minutie et amour. Mais surtout, avec minutie parce qu’il n’était pas question que le vieux monsieur ne comprenne pas ce que je voulais comme cadeaux.
La première étape, la plus importante, était de sélectionner les items que je voulais le plus dans le catalogue de chez « Distributions aux consommateurs ».
Ça se résumait assez simplement. C’était en grande majorité des figurines de Star Wars, des vaisseaux de Star Wars, des fusils laser de Star Wars, des figurines de Star Trek, des vaisseaux de Star Trek, des fusils laser de Star Trek ou tout autre jouet qui se rapportait à un univers de films ou émissions de science-fiction. Si le Père Noël était un minimum intelligent, il avait compris ma tendance d’année en année.
Après ma méticuleuse sélection, j’allais en succursale chercher un deuxième catalogue « Distribution aux consommateurs » pour découper les items et les coller dans ma lettre au bonhomme rouge. Pas question de scraper le catalogue qu’on avait à la maison car ma mère devait avoir mes idées cadeaux en référence (encerclées au crayon feutre rouge) au cas où un lutin incompétent avait besoin de référence.
Ensuite, il ne me restait plus qu’à me chicaner avec ma mère pour qu’elle mette trois timbres sur l’enveloppe parce que je la trouvais pesante et que je ne voulais pas qu’elle nous soit retournée parce qu’on avait été cheap sur la manutention.
Il ne me restait plus qu’à attendre l’avis de réception de ma lettre. Qui arrivait sous forme d’un dessin de père Noël à colorier ou un père Noël et ses rennes à découper sur les pointillés pour coller avec du papier collant dans la fenêtre de la porte d’entrée de la maison. Une tradition qui faisait sacrer ma mère lorsqu’elle nettoyait la colle sur la vitre le 26 décembre.
Cette année, je me croise les doigts pour que le serveur de l’installation informatique des lutins soit fait fort parce que ce serait bien dommage que les enfants ne puissent pas envoyer leur message au roi du cadeau et de la sagesse. On ne veut pas d’erreur 404.
Quand on est tout jeune, c’est la correspondance la plus importante de l’année. Encore plus importante qu’une vidéo de Tik Tok qui nous montre un tutoriel de maquillage tendance ou un influenceur qui s’insère une paille dans le nombril en faisant un rap. Si ! Si !