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Je me suis demandé toute la journée si j’allais écrire là-dessus. Pourtant, ça me turlupine depuis l’annonce. Quand j’ai vu que l’humoriste déchu Julien Lacroix, visé par des allégations d’inconduites sexuelles, et ce, par plusieurs femmes, allait passer à l’émission Le monde à l’envers, j’ai vécu plein de sentiments mélangés. Comme bien des gens, je pense.
Question de contextualiser le truc, Julien Lacroix tente un (énième) retour dans l’œil du public depuis cette enquête du Devoir où 9 femmes l’accusaient d’inconduites sexuelles. Depuis la publication de cet article, toutes ses tentatives pour refaire surface ont été, disons-le, mal reçues par une vaste majorité du public. Il pourrait en être autrement cette fois puisque le vent de l’opinion publique semble souffler dans une autre direction, depuis la sortie d’un reportage réalisé conjointement par Isabelle Hachey, de la Presse, et Marie-Ève Tremblay, de Cogeco média.
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Je vais être très transparente, ici. Marie-Ève Tremblay, c’est mon amie. À cause de ça, je n’entrerai pas dans tout le battage médiatique qui a suivi la publication de ce dossier qui, deux ans plus tard, jette une lumière différente sur certaines des accusations visant Julien Lacroix.
« Certaines » est un mot très important, ici, puisque je trouve primordial d’insister sur le fait que des victimes alléguées de Julien maintiennent leur version des faits. Leur parole est encore importante, tout comme l’est celle des femmes qui, deux ans plus tard, désiraient apporter des nuances à leur histoire.
Cela dit, pourquoi cette chronique ? Oui, pourquoi ? Je me le demande aussi parce que je sais pertinemment qu’écrire là-dessus est super risqué et, qu’assurément, plusieurs trouvent inacceptable l’idée même que Stéphan Bureau puisse interviewer Julien Lacroix à la télé. Je pense que ce sentiment est légitime et je le comprends.
Mais je n’arrive plus à avoir une opinion aussi tranchée, on dirait.
C’est l’une des questions que je me pose depuis la sortie du dossier de Marie-Ève et d’Isabelle, justement. Pourquoi vouloir se positionner à tout prix ? Est-ce que c’est possible d’entendre et d’écouter tous les partis dans cette histoire sans invalider le vécu des uns et des autres ? Je me pose sincèrement la question. Mais je n’ai aucune réponse.
Je reviens à mes sentiments mélangés, donc. Je pense que c’est ça, le sujet de la chronique. À quel point je suis confuse par rapport à toute cette histoire. Je ne suis personne, moi, pour décider si oui ou non Julien Lacroix a le droit de revenir dans l’espace public pour pratiquer le métier d’humoriste. Et est-ce que c’est vraiment ça son intention ? Je ne le sais pas, je ne suis pas dans ses shorts.
Ce que je sais cependant, c’est que j’ai beaucoup, que dis-je, énormément même, d’empathie pour les personnes qui se disent victimes de cet homme et qui le voit tranquillement revenir sur le devant de la scène. Pas comme si rien n’était, mais revenir quand même. Ça doit leur faire du mal.
L’affaire, c’est que je suis aussi capable d’avoir de l’empathie pour Julien Lacroix. Je ne dis pas qu’il mérite une place au zénith de la célébrité québécoise, mais je suis quand même curieuse d’entendre ce qu’il a à dire. Est-ce que c’est mal de penser ainsi ? On dirait que je sais plus ce qui est correct de penser ou pas et le fait même que je me pose ce genre de question en ce moment est, je pense, un problème en soi.
Le procès de Julien Lacroix, pour le moment, ne se déroule pas dans un palais de justice. Aucune plainte n’a été déposée contre lui. On a suivi toute l’affaire dans les journaux et sur les médias sociaux. La suite logique semble d’aller s’expliquer à la télé. Je ne trouve pas ça normal, par contre, que les médias jouent, dans une certaine mesure, le rôle du tribunal. Et je me demande en quoi des victimes peuvent obtenir une réparation quelconque par ces canaux-là.
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Un agresseur allégué à la télé, est-ce le monde à l’envers ? Peut-être. Mais bon, on verra bien. Comme je vous dis, je suis très mélangée. Pis je me sens aussi coupable de ressentir de l’empathie pour une personne qui nous est présentée depuis deux ans comme un monstre. Sauf que personne n’est un monstre 24/24, non ? Pis même les pires criminels ont droit à une deuxième chance quand ils sortent de prison. Câline, je me sens mal même d’écrire ça. Ça aussi, ça fait partie du problème, je trouve.
Êtes-vous capables, vous autres, de vous faire une idée claire sur toute cette histoire ? Vous en pensez quoi ? Allez-vous écouter l’entrevue ? Je suis sincèrement curieuse de connaître votre opinion. Parce que je me demande vraiment quoi faire avec un cas comme celui-là.
C’est comme si mon cerveau n’arrivait pas à classer l’affaire dans un seul tiroir.
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