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Le plan de réduction des émissions d'arsenic de la Fonderie Horne s'échelonne sur cinq ans. Il s'agit d'un délai beaucoup trop long pour la Dre Clodel Naud-Bellavance alors que les risques pour la santé des gens de Rouyn-Noranda sont toujours élevés.
Les dirigeants de la Fonderie Horne ont pris la parole jeudi en réponse aux exigences du gouvernement Legault dévoilées cette semaine. L’entreprise veut réduire ses émissions d’arsenic de 100 ng/m3 à 15ng/m3 autour de l’usine et jusqu’à 3 ng/m3 plus on s’éloigne de la fonderie de Rouyn-Noranda.
La multinationale se dote d’un calendrier de cinq ans, soit jusqu’en 2027, pour arriver à l’objectif le plus bas de réduction de ses émissions d’arsenic. La Fonderie Horne mise sur des améliorations technologiques pour arriver à ses fins.
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L’enjeu de l’échéancier demeure préoccupant pour la santé des gens de Rouyn-Noranda. C’est l’avis de la Dre Clodel Naud-Bellavance, médecin de famille de la région, qui a confié ses inquiétudes à Étienne Fortin-Gauthier au bulletin de jeudi de Noovo Le Fil 22.
«Cinq ans, c’est beaucoup trop long. Cinq années où les émissions d’arsenic seront en haut de 15 nanogrammes par mètre cube, nous restons à peu près dans les risques que nous avons actuellement», exprime-t-elle.
La Dre Naud-Bellavance rappelle que les gens de Rouyn-Noranda vivent avec des risques plus élevés de cancer, de problèmes neuro-développementaux et de bébés de petit poids en raison de la présence de la Fonderie Horne et de ses émissions d’arsenic.
«Il n’y a aucune protection contre notre population vulnérable, dont les femmes enceintes, les bébés à naître et les enfants. Dans la vie d’un enfant, cinq ans c’est énorme d’autant plus que tout ce que ces enfants vont avoir accumulé comme risque pendant cinq ans, ils vont le garder toute leur vie ensuite. Cinq ans, c’est vraiment trop long», ajoute-t-elle.
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Par ailleurs, Glencore n’a pas présenté de plan précis pour atteindre la norme provinciale de 3 ng/m3 d’émission dans l’air, un silence qui s’explique mal.
«La Santé publique a été pourtant claire en disant que le 15 ng/m3 pouvait être correct advenant que toutes les conditions soient remplies pour protéger la population, dont le respect des normes pour les autres métaux et un respect des pics quotidiens d’émanation des différents contaminants. Le 15 ng/m3 est correct, mais il a aussi été dit qu’il fallait atteindre très rapidement le but de 3 ng/m3. C’est très décevant de ne pas voir apparaître le 3 dans les plans de la fonderie», affirme la Dre Clodel Naud-Bellavance.
La Fonderie Horne représente environ 600 emplois avec un salaire moyen de 106 000$ par année. Le premier ministre du Québec, François Legault, a laissé entendre que la population de Rouyn-Noranda «avait le droit de s’interroger à savoir si elle était capable de vivre avec un risque minime pour un certain nombre d’années».
La Dre Naud-Bellavance n’est pas d’accord.
«Il ne devrait pas avoir de gens dans la population qui doit subir un risque quelconque pour sa santé pour sa durée de sa vie, de devoir prendre cette décision pour la santé de ses propres enfants, au profit d’une industrie. La santé, la vie des gens, c’est primordial. Est-ce que les gens sont prêts à accepter un risque minime pour permettre à l’entreprise de s’adapter? C’est dur à justifier», croit-elle.
La Dre Clodel Naud-Bellavance termine en mentionnant qu’elle est déçue que le gouvernement du Québec n’impose pas directement les normes liées aux émissions d’arsenic afin d’assurer la santé et la sécurité de la population.
De son côté, Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne, est encore montré du doigt alors que plusieurs s’interrogent à savoir pourquoi l’entreprise n’a pas fait ses améliorations alors qu’il est connu depuis longtemps que la santé de citoyens de Rouyn-Noranda est en jeu?
En réponse, le chef des opérations de cuivre chez Glencore, Claude Bélanger, a affirmé que les technologies permettant de diminuer les émissions d’arsenic n’étaient pas au point au cours des dernières années.
«Aujourd’hui, nous avons progressé, nous avons fait avancer les technologies. Ça fait longtemps que l’on planche sur ces différents projets-là. Nous sommes maintenant rendus à un niveau de maturité où l’on est prêt à présenter et à faire avancer ces projets-là», précise-t-il.