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«Il me semble qu’on a la fibre personnelle plus facile à irriter...»
Bien entendu, comme plusieurs d’entre vous, l’annonce de la fermeture «temporaire» de la salle de spectacles La Tulipe m’a choqué. Une histoire totalement absurde d’un propriétaire qui s’achète une bâtisse à côté d’un cabaret et qui se rend compte qu’un show, ça fait du bruit.
Résultat? Une institution, plus que centenaire, où on ne verra plus d’artistes se produire sur scène. Et un public qui se voit privé d’une autre destination culturelle. Entre les deux, une Ville de Montréal, qui une fois de plus, a mal géré sa patente de règlements et qui se retrouve un peu pas mal responsable de la situation. Une autre patate chaude dans ses mains.
Peut-être est-ce moi qui ai la paranoïa un peu trop forte, mais il me semble qu’on a la fibre personnelle plus facile à irriter. Les gens sont de plus en plus dérangés par beaucoup de choses et beaucoup plus rapidement. Peut-être est-ce parce que les gens l’expriment plus fort qu’avant. Une autre plaie des réseaux sociaux?
On hésite moins à chialer plus fort et plus souvent. J’ai l’impression que la tolérance des gens a diminué et que la bulle personnelle a augmenté. Ce qui amène plus de conflits. Est-ce que c’est un autre résultat de notre isolation pandémique?
On rit depuis des années des citoyens de Saint-Lambert qui se plaignent du vroom vroom de la Formule 1 et du son des spectacles de jeunes chanteuses émergentes sur les scènes de l’île Ste-Hélène. Mais, ils ne sont plus les seuls.
Lors des derniers mois, on a vu des gens se plaindre du bruit de jeunes qui s’amusent dans un parc public. Des villes qui interdisent qu’on joue au hockey dans la rue comme dans le bon vieux temps, parce que disent-ils, ça ralentit de 8 secondes l’arrivée de notre voiture dans le stationnement de notre maison.
Récemment dans le village gai de Montréal, les inspecteurs de la Ville ont trouvé que les plantes en pot étaient trop hautes et qu’il y avait un risque qu’un passant soit attaqué par une fougère trop vorace.
Je comprends bien que le bonheur des autres se termine où commence le nôtre. On vit en société et il est important qu’on se dote d’un ensemble de lois et de règlements qui font en sorte qu’on peut s’endurer les uns, les autres. Je suis bien d’accord avec ça. Mais, on dirait quand même que le cri individuel d’une personne, un peu trop sensible, pèse de plus en plus souvent dans la balance. Une seule plainte et c’est toute la machine qui dérape.
Divaguons un peu. Est-ce que ça veut dire qu’une personne qui a peur, qui sait, de recevoir un coup de sabot dans le front va mettre fin à la traditionnelle promenade des chevaux dans les rues du festival de St-Tite ?
J’ai l’iris ben sensible à la lumière, est-ce qu’on pourrait enlever le set de lumières de Moment Factory sur le pont Jacques-Cartier ? Je n’aime pas l’odeur de la cannelle, ce serait-tu possible de sacrer toutes les croustades aux pommes dans les vidanges ? J’ai choisi d’habiter près d’un aéroport, pourriez-vous mettre des gros silencieux sur les moteurs d’avion et est-ce que c’est possible que le soir, ils atterrissent avec leurs lumières éteintes sur une piste sombre, sans projecteur ? On peut divaguer un bon bout comme ça, n’est-ce pas ?
On fait des choix dans la vie et nous sommes tous responsables de ces choix. On doit vivre avec ce que ça nous amène de positif et de négatif. Par exemple, si on reprend notre situation du départ, c’est effectivement plus que possible d’entendre des sons si ton mur de salon est adossé à celui d’une salle de spectacle.
Oui, ça se pourrait que ton cadre de chez Ikea, accroché au mur, vibre un brin au son des tam-tam. Tu devais bien avoir un léger doute avant même de déménager, non ?
Et si tu habites à côté d’une école, tu vas assurément entendre les enfants dans la cour de récréation. Surprise ! Ça gueule des enfants !
Contrairement à ce que de plus en plus de gens pensent, personne n’est le centre de l’univers. Le respect, ça marche dans les deux sens.
Je vous laisse là-dessus, je m’en vais de ce pas chialer dans un Starbucks, parce que MOI, l’odeur de la citrouille dans un café, ça me chier.