Chroniques

Élections municipales: changer la perception

Voici quelques pistes pour faire évoluer le regard porté sur la politique municipale.

Publié

L'hôtel de ville de Montréal. L'hôtel de ville de Montréal. (Montage Noovo Info et La Presse canadienne)

Depuis plusieurs mois, les élues et élus municipaux dénoncent, à juste titre, les mauvais traitements dont ils sont victimes : intimidation sur les réseaux sociaux, manque de ressources, surcharge de travail, fatigue généralisée. C’est une réalité préoccupante contre laquelle il faut lutter et sur laquelle il est essentiel d’agir collectivement.

Cela dit, ces prises de parole, bien que nécessaires, ont aussi contribué à projeter une image plus sombre du milieu municipal. Or, à trois mois des élections municipales de 2025, il est impératif de renverser cette perception afin d’attirer les meilleurs talents et de poursuivre, partout au Québec, sur la lancée de 2021, une année marquée par l’arrivée de nombreux nouveaux visages et où une majorité des grandes villes ont élu une femme à leur tête.

Voici donc quelques pistes pour faire évoluer le regard porté sur la politique municipale.

Revoir notre rapport aux réseaux sociaux

En as-tu vraiment besoin ? Ce n’est pas seulement un excellent livre, c’est aussi la question qui me vient à l’esprit lorsqu’on observe la quantité de messages haineux, d’insultes et de menaces que peuvent recevoir les élus sur leurs plateformes. À l’origine, les réseaux sociaux favorisaient un lien direct avec les représentants. Mais aujourd’hui, beaucoup les utilisent comme défouloir de frustrations, de préjugés ou de mépris envers les institutions et envers celles et ceux qui les dirigent.

Que faire, alors ? Bien sûr, on peut bloquer les comptes anonymes ou ceux dont les propos vont à l’encontre de nos valeurs. C’est la méthode la plus respectueuse, mais aussi la plus exigeante en temps. Il y a aussi l’approche plus radicale : désactiver complètement les commentaires. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, l’a fait, et malgré les critiques, c’est une décision compréhensible. Cela dit, je recommande que ce type de mesure reste temporaire et clairement motivé, faute de quoi on risque de donner l’impression de ne pas vouloir entendre la population. Enfin, il y a l’option de ne pas être présent du tout sur les réseaux. Mais dans ce cas, on se prive d’un outil puissant de communication directe avec la population. Et en contexte électoral, cela complique sérieusement la tâche.

Gérer les attentes

La force de la politique municipale est aussi sa faiblesse : elle est le palier le plus proche du quotidien des gens. Collecte des ordures, entretien des routes, pistes cyclables, sécurité des quartiers sont tous des exemples d’enjeux municipaux qui suscitent des réactions souvent très émotives. Même la personne la plus compétente et dévouée ne peut transformer une ville d’un claquement de doigts. Elle doit composer avec une foule de règlements, de contrats et de conventions collectives qui freinent les changements tout en assurant une stabilité précieuse des services.

Chaque transformation nécessite une analyse rigoureuse, une concertation avec les parties prenantes et une communication claire et réciproque avec les citoyens, ce qui demande temps et moyens. De plus, les élus municipaux n’ont pas tous les leviers entre les mains. À ce sujet, je vous invite à lire la lettre ouverte de la mairesse Fournier sur le financement des infrastructures, qui illustre bien l’ampleur de la tâche.

Face à cette réalité, il faut que celles et ceux qui se lancent en politique municipale soient conscients des délais liés à l’implantation de nouvelles politiques. Et les électeurs doivent, eux aussi, offrir le temps nécessaire pour que le travail se fasse. Même si les promesses électorales feront toujours partie de la joute électorale, le vote repose d’abord sur la relation de confiance et la compétence perçue par le public. Inutile donc de gonfler les attentes, au contraire, l’authenticité est payante.

Valoriser le travail des élues et élus

C’est probablement l’élément le plus important : il faut parler en bien de nos élues et élus municipaux. Ils sont profondément engagés dans leur communauté et exercent une influence réelle, y compris sur les autres paliers de gouvernement. Pensons à l’impact de figures comme Catherine Fournier à Longueuil, Maude Marquis-Bissonnette à Gatineau, Antoine Tardif à Victoriaville ou Mathieu Lapointe à Carleton-sur-Mer : autant de modèles inspirants qui démontrent la qualité du leadership municipal.

À ce titre, je tiens à saluer la décision de Marie-Ève Dicaire, ancienne boxeuse et collègue à RDS, qui a annoncé sa décision de grimper sur un nouveau ring et se présenter comme candidate à Terrebonne pour l’automne. Espérons qu’elle va, elle aussi, en inspirer d’autres à profiter de l’été pour prendre la même décision et franchir le pas, on a besoin de vous !

Pour recevoir toutes les chroniques de Victor Henriquez, abonnez-vous à notre infolettre, Les débatteurs du samedi.