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Alors qu’on sort nos petites laines et qu’on range les gougounes, on devrait commencer tranquillement à sentir les arômes de citrouille épicée et de tarte aux pommes. Or, ça sent plutôt… la fin de régime.
Évidemment, nous en sommes qu’aux premiers signes. Ce serait assez surprenant que les élections soient déclenchées cet automne. Mais plusieurs indicateurs, des plus évidents aux plus subtils, tournent au rouge pour Justin Trudeau.
Alors que le premier ministre a tenté de brasser les cartes cet été avec son grand remaniement, les nouveaux ministres auront peut-être leur portefeuille pour une bien courte période…
Parmi les plus évidents, les sondages! Mais il y a d’autres indicateurs.
Lors de l’élection présidentielle de 1980, Ronald Reagan avait marqué des points en posant une question simple, mais décisive, à Jimmy Carter: Are you better off today than you were four years ago? Traduction libre: Est-ce que votre vie est meilleure qu’il y a quatre ans?
Dans un contexte économique difficile, le démocrate n’eut d’autre choix que de répondre à la négative.
Si Pierre Poilievre joue bien ses cartes, Justin Trudeau risque de tomber dans le même piège lors du prochain débat des chefs.
Crise du logement, inflation et coût de la vie… ces problématiques économiques ont des impacts réels sur le quotidien des citoyens, et cela rend le tout particulièrement périlleux pour un gouvernement qui en est à son troisième mandat. Il est bien difficile de jeter la responsabilité sur quelqu’un d’autre et de convaincre que l’on a les solutions à ces problèmes… puisque ces problèmes existent ou sont apparus sous son régime.
Tout comme la commission Gomery à la fin du régime libéral Chrétien-Martin de 1993 à 2006, la commission Charbonneau à la fin du régime Charest de 2003 à 2012, et le scandale Mike Duffy à la fin du régime Harper de 2006 à 2015, l’annonce d’une commission d’enquête sur l’ingérence chinoise est un autre indicateur de la soupe chaude.
Les hésitations et les détours de Trudeau lui auront passablement nui. Il en résulte une impression de manque total de transparence et d’insécurité nationale banalisée par le gouvernement libéral.
Le Parti conservateur du Canada tenait son congrès à Québec la semaine dernière et force est de constater que l’opération est réussie. Débuter un congrès avec de tels sondages… n’importe quel chef en rêverait! 95 % de la job est faite !
Le 5% restant consiste à instaurer l’image et le narratif désirés: battre les propositions farfelues, attaquer Bruno Marchand (il importe de bien choisir ses ennemis en politique!), omniprésence de la charmante épouse et… un discours dans lequel il aurait la stature d’un premier ministre.
Voilà les ingrédients d’un gâteau qui lève.
Le changement de look de Pierre Poilievre n’a rien de banal. Il y a quelques mois à peine, le nouveau chef conservateur avait des airs de trippeux de cryptos. Exit les lunettes ringardes, bonjour les t-shirts bien coupés. Une métamorphose digne du film « Elle a tout pour elle ».
Quand on y pense, c’était sans doute la première étape d’un crescendo réfléchi. On commence par gagner sa chefferie, on rallie la base puis on commence à additionner vers les électeurs moins en marge.
Pierre Poilievre se « premier ministrise », et le crypto boy devient un père de famille responsable. De plus en plus d’électeurs qui en ont marre de Justin Trudeau commencent à se dire qu’il a plus d’allure qu’ils le pensaient au départ. Les indécis qui doutent toujours un peu face aux conservateurs plus sociaux de l’Ouest se prennent à souhaiter un gouvernement conservateur minoritaire, qui respecterait les compétences du Québec, qui mettrait un terme aux folles dépenses et aux discours wokisants à outrance qui, selon une vaste frange de la population, vont trop loin.
Certes, Poilievre a souvent de la difficulté à doser, et il lui arrive régulièrement de raconter des menteries, de déformer démagogiquement les faits. On ne peut que s’attendre à des sorties mal calibrées dans les prochains mois. Mais sa stratégie du gros bon sens, une technique mise à profit par Mike Harris, devrait lui rapporter des points en Ontario.
Demeure que le défi est immense pour Trudeau. Se sortir du rôle dans lequel il est en train de se faire cantonner ne sera pas de la tarte, qu’elle soit à la citrouille ou aux pommes.