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Cela paraît inconcevable que des personnes saines d’esprit embarquent dans de pareilles inepties. Je veux dire, les effets des changements climatiques sont littéralement en train de se produire sous nos yeux.
En fin de semaine, trois personnes ont été emportées dans un glissement de terrain survenu à Rivière-Éternité, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Au moment d’écrire ces lignes, un homme et une femme manquent toujours à l’appel.
Au Vietnam, à cause des chaleurs extrêmes, les planteurs de riz travaillent désormais pour la plupart la nuit. Impossible d’effectuer leur tâche le jour. Il fait tout simplement trop chaud.
Ici, plusieurs veilles de tornade ont été émises ces derniers jours. Et une autre vague de chaleur extrême s’apprête à nous frapper de plein fouet. Des scientifiques s’inquiètent d’ailleurs de la vague de chaleur marine sans précédent qui touche l’océan Atlantique, menaçant la faune et la flore.
Je ne vous parle pas des feux de forêt. Je pense qu’à moins de vivre sous une roche, tout le monde est au courant que le nord de la province continue de brûler même si, depuis quelques jours, on a droit à une certaine « accalmie » de ce côté.
Pendant ce temps, les climatosceptiques se font aller le mâche-patate sur la plateforme d’Elon Musk (l’homme qui envoie accessoirement des satellites dans l’espace) et crient au grand complot. « Le réchauffement climatique a été inventé par nos gouvernements pour mieux nous contrôler. Le gouvernement a d’ailleurs allumé les feux lui-même. »
Mon premier réflexe est de penser qu’il faut être déconnectés rare. Cela paraît inconcevable que des personnes saines d’esprit embarquent dans de pareilles inepties. Je veux dire, les effets des changements climatiques sont littéralement en train de se produire sous nos yeux. On les expérimente chaque jour. Et ça va vite, beaucoup plus vite que certains scientifiques le prédisaient au départ.
Mais la pandémie nous a appris que des gens se radicalisent parfois tellement sur un sujet, que cela relève du domaine de la croyance religieuse. C’est ce qui se passe avec beaucoup de climatosceptiques. Leur discours devient celui de croyants, et ils arpentent les médias sociaux avec une attitude prosélyte, essayant de convaincre les non-croyants que la crise climatique est une arnaque.
Juste à aborder un sujet environnemental sur les médias sociaux pour se rendre compte qu’on est en présence d’une logique « c’est nous contre eux. » L’agressivité est à son compte. Quand c’est rendu que Gilles Brien, un météorologue bien connu, se fait insulter et menacer copieusement dès qu’il aborde un sujet météo sur Twitter, c’est la preuve qu’on assiste à un retour en force des « complotistes » pur jus.
Les experts qui s’intéressent à la radicalisation avancent que ces « gens-là » ont juste trouvé une autre cause et qu’ils se rabattent désormais sur la crise climatique pour faire passer leur message : le gouvernement est contre nous. Autrement dit, si ce n’était pas du « canular climatique », ce serait autre chose. Certes.
Mais le fait qu’Elon Musk (encore lui) ait rouvert sa plateforme à plein de comptes bannis et a permis de payer pour obtenir le fameux crochet bleu ne semble pas, selon plusieurs experts, étranger au phénomène. Le mot-clic #climatscam a d’ailleurs explosé sur Twitter depuis juillet 2022.
Et c’est sans compter que ce discours bénéficie encore et toujours à ceux qui font leur pain et leur beurre de la désinformation, appuyant sur les boutons des insatisfactions populaires pour leurs propres dessins. Comme avec la pandémie, il est beaucoup plus confortable pour certaines personnes de nier la réalité plutôt que de regarder en face un avenir qui s’annonce un peu plus sombre que prévu. Les théories du complot offrent alors des réponses simples à des questions très complexes. C’est un filon en or que plusieurs exploitent.
Ajoutons à ça le fait que Google, Facebook, Instagram aient suspendu la diffusion de nouvelles sur leurs plateformes, et vous obtenez la tempête parfaite. Ce sera de plus en plus difficile de faire la différence entre une information crédible et vérifiée et le grand n’importe quoi qui se répand à vitesse grand V sur le web. Jumelé à la crise de confiance envers les grands médias, crise exacerbée par la pandémie, l’avenir ne s’annonce pas rose pour les faits scientifiques.
Pollution de l’air, canicules, inondations, glissements de terrain, érosions des sols, disparitions de certaines espèces de plantes et d’animaux, feux, tornades. C’est ce qui nous attend, et c’est déjà ce qui est en train de nous arriver même si plusieurs d’entre nous privilégient l’attitude Don’t Look Up (je vous recommande ce film).
Ils sont là, les faits. Impossible de le nier. Juste à regarder ce qui se passe autour au lieu de se regarder le nombril. La fraude, c’est le discours de ces « influenceurs de la désinformation » qui manipulent une frange vulnérable de la population dans le seul but de maintenir leurs cotes d’écoute ou d’augmenter leur nombre d’abonnés.