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Il pleut des milliards. Ça va vite, très vite. Nouvelles en continu, influence des médias sociaux, la présence de cinq formations politiques, 7-8-9-10 annonces par jour. Avons-nous le temps de poser des questions ? Avons-nous le temps réellement débattre ?
Cette campagne électorale est le théâtre d’une pluie d’annonces des plus banales, pensons par exemple à la bonification de l’aide aux parents pour le matériel scolaire, aux plus révolutionnaires. On annonce que l’on va piger dans le Fond des générations, une question qui mériterait un débat en bonne et due forme. À peine quelques voix ont le temps de se faire entendre et hop, on est déjà sur autre chose. Ce n’est pas mêlant, on a annoncé des hôpitaux privés, ce n’est pas rien, et on en a parlé environ 20 minutes avant de passer à la nouvelle suivante !
On annonce plus de trois milliards de dollars pour la connectivité ? Personne n’a le temps de s’interroger sur le coût et le comment, que… circulez ! NEXT!
«On va taxer les VUS !» Ah bon ? Comment cela va-t-il fonctionner ? Pas grave ! NEXT! «On va taxer les millionnaires !» Ah bon ? Qui sont-ils exactement ? Pas le temps ! François Legault a dit une bêtise sur l’immigration, on est déjà rendus ailleurs. NEXT!
Je ne porte pas de jugement sur ces propositions en tant que telles, quoi que je pourrais probablement si je m’y attardais, mais je suis happée par cette réalité dans laquelle la réflexion et la discussion nous échappent. Nous battons probablement des records de propositions qui tiennent avec des cure-dents et du ruban gommé. Il faut admettre que c’est assez commode pour les formations politiques. D’ailleurs, tenir les journalistes occupés, avoir une ou deux nouvelles à leur fournir chaque jour est une stratégie consacrée pour éviter qu’ils fouillent un peu trop sur des candidats gênants. Je le sais, je l’ai utilisée.
Et l’époque des deux formations politiques qui s’affrontent et s’alternent est bien révolue. Multipliez les annonces par cinq, ça fait du bruit en s’il vous plaît.
Certes, les journalistes spécialisés en fact checking font du bon travail, mais dans tout ce brouhaha, ont-ils le loisir de tout vérifier ce qu’ils voudraient vérifier ? Probablement pas. Et est-ce que les électeurs ont le temps de lire et écouter tout ça ? Certainement pas. Moi-même, qui essaie de tout lire, de tout écouter, de tout regarder, je peine à prendre le temps de comprendre en profondeur. On se retrouve contraints à choisir nos combats.
Heureusement, nous aurons certainement le loisir d’en débattre plus longuement à l’Assemblée nationale, mais la campagne sera bouclée et le sort en sera jeté pour quatre ans. Le gouvernement aura reçu l’appui des électeurs, peu importe le temps qui aura été consacré à débattre de chacune des propositions présentées.
Je l’avoue, je suis un peu étourdie. Pas vous ?