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Tout donner. C’est sûr qu’elle lui a tout donné, comme on fait, nous, les mères.
Qu’arrive-t-il quand tu donnes tout à ton enfant et, au-delà de tes ressources, subsiste chez lui cette envie crasse de mourir ?
Le fils d’une amie de ma famille est mort. Il s’est suicidé, juste là, avant Noël.
Cette période est toujours tendue, elle est trop pleine. D’abord, novembre précède décembre et met la table au manque de lumière. Novembre nous plonge déjà dans la mort, dans la fin d’un cycle, dans la disparation des fleurs, dans cette nature qui se fige et devient brune. Puis à novembre succède décembre, où la fin est encore là et bien que la promesse d’une longue tablée se fait pressante, l’air est chargé.
Nous ne sommes pas dupes, nous savons que l’année tire à sa fin, que ce temps qui passe amène qu’on le veuille ou non des bilans. Comme un réveil, une manière de regarder sa vie avec la caméra d’en haut et se demander : j’en suis où ?
Ça n’est pas simple.
Viennent se mélanger à ça les rapports familiaux, nos rôles que l’on revêt pour plaire ou simplement accepter le masque que l’on nous a demandé de porter dans cette pièce de théâtre. Les souvenirs, la nostalgie, les enfants qui grandissent, les parents qui vieillissent, tout cela est dans la pièce et tente tant bien que mal de cohabiter.
Non, la période des Fêtes aussi joyeuse promet-elle d’être ne l’est pas toujours.
Et puis, il y a ceux pour qui le mal-être persiste. Que l’on soit mai, juillet ou novembre, l’ambiance est la même. Cette satanée sensation de ne pas être à sa place, que cette vie n’est pas pour nous. Que l’on est raté, trop sensible, souffrant, extraterrestre.
Ce nuage nous habite. Il se dissipe parfois, le temps d’une fête, d’un moment de plaisir, d’une conversation, d’une bouffée de drogue, mais revient. Il rapplique pour nous avaler. Nous transpercer, s’infiltrer dans notre corps et le rendre lourd.
La souffrance mentale est affolante.
Nous la comprenons à peine, mais elle est là. Comme un éléphant assis sur notre tête. Et un jour, c’est trop. L’éléphant est trop gros pour le petit être que nous sommes. Le cycle de la douleur, de tenter d’aller mieux, de se sentir un poids pour les autres, tout cela devient trop et notre seule envie obsédante devient de quitter.
Partir. Tout arrêter. Se rendre.
Baisser les armes et faire un doigt d’honneur à cette vie à qui on n’avait rien demandé et qui nous prend tout. Dire à tous : « Je ne joue plus. Je pars ».
Avoir un sentiment qu’enfin, on aura gagné contre le mal. Que loin de la réalité terrestre, ce démon nous foutra la paix. Nous aurons vaincu, mais tout perdu.
C’est à toi que je m’adresse si ces mots résonnent.
À toi qui souffres. Toi qui, étouffé par ton désespoir, à l’approche des Fêtes penses que tout est trop. Je ne suis personne pour te dire de te raccrocher à la vie, mais je suis quelqu’un pour te confier que la dépression et le malheur se guérissent.
Je suis quelqu’un pour te dire que je te promets qu’il y a sur cette Terre des gens qui écouteront et reconnaitront jusqu’à la dernière virgule de tes souffrances et je crois que c’est eux, plus que la mort que tu cherches.
Si au fond tu cherches à être entendu, alors ne rends pas encore les armes. Cherche ceux qui feront écho à ton cœur, ils existent.
J’en suis la preuve bien vivante.
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Si vous ou un proche avez besoin d'aide, n'hésitez pas à contacter le Centre de prévention du suicide de Québec. 1-866-277-3553